James Mc CARTY

‘entre Yardbirds et Renaissance’

Après une dizaine de groupes créés, une trentaine d’albums originaux enregistrés et composés, après 4 décennies au service de la création du Pop-Rock-Blues, et avec une 5ème qui s’annonce sous les meilleurs auspices : l’histoire de ce musicien exceptionnel, auteur/compositeur/chanteur/

multi-instrumentiste/producteur continue

1ère partie: Renaissance et associés

Avec la sortie du nouvel album de Renaissance-Illusion "Through The Fire" + la sortie d’un live du groupe en 1970 au Fillmore, il était important de rencontrer le créateur de cette renaissance miraculeuse : James Mc Carty

 

Là où beaucoup de stars des sixties sont reparties au ciel, ont quitté la scène, se sont reconverties dans des métiers de production ou ont rejoint les figures de cire de Mme Tussaud’s, James Mc Carty est vraiment un musicien à part dans le monde fantasmatique et aléatoire du Show-Rock-Bizz.

Tout d’abord par son aspect physique où il ne cesse de rajeunir, et surtout par sa démarche intérieure (nous pourrions dire sa quête spirituelle authentique) qui en fait aujourd’hui un être sensible, modeste malgré une carrière riche. Une joie, une simplicité et une ouverture qui transparaissent dans sa musique. Car si James est connu avant tout pour être le batteur discret des Yardbirds, il est bien plus que cela. Et c’est ce que nous allons découvrir ensemble à travers sa carrière et une interview réalisée au début 2002, lors d’un passage à Paris. C’est aussi une occasion pour s’attarder sur sa discographie en dehors des Yardbirds puisque Mc Carty a, de 1968 à 1997, créé pas moins de 5 groupes autour de Renaissance : le premier Together (avec son ami Keith Relf) puis Illusion (avec Renaissance au grand complet mais sans Keith et pour cause !), Stairway (avec son ami Louis Cennamo), Pilgrim (avec l’ex Rubettes John Richardson) et James Mc Carty (en solo).

Un peu d’histoire….

Renaissance est un groupe unique dans les annales de la Pop-Rock-Music. Ensemble depuis 1969, les 5 musiciens fondateurs, après avoir enregistré 2 albums, quittent le groupe en 1971. Mais Renaissance n’en est pas dissous pour autant. Des amis puis des amis d’amis continuent l’expérience et un an après, en 1972, enregistrent un 3ème album, "Prologue". Et chose surprenante : si les musiciens ont complètement changé, le style musical, lui, reste similaire. De plus, la seconde formation de Renaissance (que nous appellerons Renaissance 2) obtient rapidement un succès aux USA, là même où le Renaissance original (que nous appellerons Renaissance 1) avait échoué. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En 1976, le Renaissance 1 décide de se reformer. Ne pouvant pas reprendre leur nom d’origine (le Renaissance 2, avec Annie Haslam et Michael Dunford, est non seulement bien vivant mais en plus traverse une grande période de succès), il prend le nom d’Illusion, (nom de leur 2ème disque juste avant leur séparation en fin 1971). Illusion se sépare en 1978 faute de management en laissant 2 superbes LPs. Quant au Renaissance 2 après être monté au sommet des charts en 1977, il jette l’éponge en 1987 sans gloire et fatigué. En 1998, les deux ‘formations sœurs’ décident, chacune de leur côté, de reprendre du service. Il faudra néanmoins attendre la fin 2000 pour la sortie officielle du CD "Tuscany" de Renaissance 2 et la fin 2001 pour la sortie d’un nouveau CD "Through The Fire" et d’un Live au Fillmore en 1970 du Renaissance 1 rebaptisé Renaissance-Illusion.

Jamais formation n’aura mieux porté son nom !

Renaissance-Illusion au 3ème millénaire

Renaître au 21ème siècle, 24 ans après Illusion, avec un opus qui tienne la route, n’est pas chose facile, surtout que ces derniers temps, beaucoup de groupes ou d’artistes de la même époque ont retenté l’aventure avec des fortunes diverses que ce soit ELP, Yes, Genesis, Kayak, Amon Duul 2, Caravan, King Crimson, Colosseum, Jethro Tull, Camel, Steve Hackett, Pink Floyd, David Gilmour, Roger Waters….pour n’en citer qu’une petite partie.

Avec les Nice, les Moody Blues et surtout Procol Harum, Renaissance est au mouvement Rock Pop Progressif du début des années 70 ce que Erik Satie est à la musique classique minimale du début du 20ème siècle. Cette manière originale d’incorporer des arrangements et des compositions classiques dans une ambiance vocale teintée de sensibilité féminine, est un fait assez rare pour être relevé, surtout dans un monde réservé jusqu’alors aux hommes. Et ce nouvel album, bien que moins aventureux que ces prédécesseurs, renoue avec la tradition pop song mélodique, spécialité anglaise depuis les Beatles.

Renaissance-Illusion "Through the fire"

James Mc Carty with John Hawken, Jane Relf et Louis Cennamo (+ invités)

Spiral-SCD 923 / P2001

L’intitulé de départ qui était prévu à savoir : Jim Mc Carty with the Original Renaissance, a été transformé en Renaissance-Illusion avec la mention James Mc Carty with John Hawken, Jane Relf, Louis Cennamo. Cette anecdote a son importance pour situer le groupe aujourd’hui. Il ne s’agit pas réellement d’un groupe comme en 1969. Cet album aurait pu être en fait un album solo de Mc Carty, véritable coordinateur, auteur, compositeur et réalisateur de ce projet, aussi bien financièrement que musicalement. Pourquoi alors le maintien du groupe ? Je pense, au dire de Mc Carty, qu’il s’agit d’un concours de circonstances, à savoir que ce projet a vu le jour grâce à une maison de disques qui était prête à investir pour voir le groupe se reformer. Renaissance 1, 20 ans après, a donc commencé à enregistrer quelques démos de base, enthousiasmé par cette proposition. Et puis la compagnie discographique, initiatrice du projet, a disparu quelques mois après. James a décidé de reprendre les compositions en 1998 et de les conduire jusqu’au bout. L’idée d’en faire son 2ème album solo lui a s’en doute effleuré l’esprit (ayant tout composé de A à Z). Mais cela écartait la possibilité de reprendre le nom de

et surtout de retrouver ses vieux ami(e)s.

Ce qui étonne d’emblée dans "Through the Fire", c’est la simplicité et l’honnêteté de la création. Ce disque sans sophistication, ni poudre aux yeux correspond exactement à la nature de James Mc Carty. A l’exception du premier morceau "One More Turn Of The Wheel" (6mn49) qui rappelle les orchestrations progressives et aventureuses des premiers albums avec des ambiances orientales, les 3 suivants sont une collection de solides Pop-Songs n’excédant pas 5 mn, ponctuée par une rythmique basse-batterie simple avec des touches orchestrales fines, des harmonies vocales de Jane Relf qui rehausse la chant principal de James et des riffs aériens de piano classique. "Blowing Away", composition délicate sans batterie et à tendance acoustique avec violoncelle, se distingue de l’ensemble par un thème classique et nostalgique au piano et quelques notes de guitare acoustique égrainées.

"Mysteries of Being" commence par une incantation vocale, la même que l’on entend le soir dans les pays traditionnels et qui appelle au recueillement et à la prière. Dans "Beat of the Earth" et dernier morceau rythmé du disque, nous trouvons Danny Relf, fils de Jane, à la programmation de claviers.

Et Jane Relf dans tout cela ? Aucun chant en solo, des harmonies vocales souvent discrètes sur la moitié des titres (à l’exception tout de même de "Through The Fire"). Dommage !

Et puis 3 morceaux lents concluent le CD, de superbe manière. Mc Carty se met au piano et cela donne "Beyond of the Day". Ce morceau semble venir d’une autre session d’enregistrement puisque nous ne retrouvons pas le groupe au complet. Cette composition a été préférée à "Something I Can Change", initialement prévue et jugée peut-être trop rythmée pour la fin. Ron Korb, flûtiste canadien, ami de James et bien connu dans le milieu de la musique New-Age américaine pour avoir enregistré et produit des disques délicieux dans sa maison de disques ‘Oasis’, donne une courte mais indispensable note celtique au morceau.

"My Old Friend", morceau encore plus dépouillé et dédié à Eric Clapton (le titre du morceau devient subitement lumineux !) ne laisse que James au piano-chant et Jane Relf aux harmonies vocales.

Quelle belle fin qui ne va pas sans rappeler le morceau "Old Time Religion" que James avait enregistré avec son groupe Shoot en 1973 (Notons qu’à l’époque, le morceau était interprété au piano acoustique par John Tout, clavier de Renaissance 2 dès 1972/ Notons aussi que John Tout a participé à la même époque au disque "Imagine" de John Lennon)

En définitive, un album réussi avec comme point fort des ambiances calmes et feutrées qui ont fait la légende de Renaissance, les voix vibrantes et les textes inspirés de Mc Carty. Au banc des regrets, nous pourrons citer l’absence de la voix en solo de Jane Relf, d’un morceau où John Hawken puisse développer un de ses arrangements classiques au piano dont il nous avait habitué durant les autres albums, et d’une longue pièce pour mettre en valeur toutes les ressources de ces musiciens raffinés, précis et délicats que sont Mc Carty, Hawken et Cennamo. (Je pense à "Kings And Queens" ou encore "Past Orbits Of Dust" dans les 2 premiers albums de Renaissance 1).

Autres petits regrets : l’oubli de l’impression des textes inspirés de James à l’intérieur de la jaquette, et l’absence de 2 morceaux qui se trouvaient sur la démo et qui ont été supprimés lors du choix final ("Moving On", superbe morceau caractéristique de l’art rythmique de Mc Carty et "Something I Could Change"). Ce qui nous vaudra sûrement une réédition avec ces oublis de luxe.

N’espérez pas trouver dans ‘Through The Fire’ un disque de groupe avec des orchestrations longues et ambitieuses, des développements atmosphériques ni des solos de guitare virtuoses. C’est avant tout un disque, simple, touchant, homogène, direct avec des textes profonds. Un véritable disque Pop-Rock mélodique composé par un authentique ‘song writer’ comme le Royaume Uni en a le secret depuis 40 ans.

Renaissance "Live and direct" Live at Fillmore Auditorium le 6-3-1970 + démos entre 1970 et 1976

CD Spiral/Kissing Spell/ UK SCD 924- 2002

Quel contraste avec "Through The Fire" ! 30 ans séparent ces 2 cds qui s’opposent dans leur conception et leur forme. Dans le ‘Live And Direct’, nous trouvons beaucoup de longs morceaux, la voix de Jane en avant, le piano de John prêt à partir dans les chorus où thèmes classiques et swing s’entremêlent, et bien entendu la présence de Keith Relf à la guitare, au chant et à l’harmonica. Ici, nous sommes en pleine aventure.

La bande a par miracle été retrouvée et retravaillée au studio d’Abbey Road. Malheureusement, juste 4 morceaux ont pu être sauvés de justesse : "Innocence", "Wanderer", "Bullet" (extraits tous trois du 1er disque), et "No Name Raga" (surprenante improvisation qui nous rappelle le talent créateur de Keith Relf). Notons que ces morceaux étaient jusqu’à lors disponibles sur un unique cd pirate, ‘Off Shoots’, dédié à Keith Relf (disque chroniqué plus bas). 4 morceaux issus de démos de studio de Keith des années 70 sont venus compléter le disque : "Statues" et "Please Be Home", 2 petite mélodies où l’intérêt vient de la voix de Jane Relf, "Try Believing" et "I’d Love To Love You Until To Morrow" 2 autres démos réalisées par Keith Relf. Après ce CD live, plongeons dans la discographie du Renaissance 1 de Mc Carty.

Renaissance – "Renaissance"/ 1970- LP (UK) Island ILPS-9114

Nous sommes au début de 1969 et les Yardbirds se sont séparés depuis quelques mois. Forts de leur succès aux USA, Relf et Mac Carty se lancent dans une nouvelle aventure, plus douce, au côté de l’ancien clavier des Nashville Teens, John Hawken. Jane Relf, sœur de Keith, va donner la touche délicate et féminine du groupe. Il ne manque plus qu’un bassiste, Louis Cennamo et Renaissance 1 est né. Le premier album éponyme sort en Février 1970, (quelques mois après le ‘In The Court Of The Crimson King’ de King Crimson, référence de la musique progressive) et se classe dans le "Top of the Pop" anglais (N°60 le 21-2 1970). Renaissance ouvre la voie de la musique progressive où se trouvent mélangés classique, rock, blues, folk, happening, mélodies douces. Malgré une campagne publicitaire correcte, l’album sortira des hits anglais dès la 2ème semaine.

De plus, la tournée aux USA ne donne pas le succès escompté. Le public est surpris. Les temps changent. Malgré quelques superbes concerts au Fillmore, au festival du Bourget et à l’Olympia (si mes souvenirs sont bons ?), Renaissance a du mal à s’imposer. Et pourtant ce 1er album, avec la superbe pochette de Paul Whitehead (qui fera école dans le mouvement Progressif en parallèle avec cet autre dessinateur de talent, Roger Dean), recèle des petites merveilles comme "Wanderer" ou "Kings And Queens". Beaucoup de reprises classiques interprétées de façon magistrale au piano par John Hawken servent d’introduction ou de chorus. Nous retrouvons Paul Samwell-Smith, l’ex-Yardbirds, qui signe ici une de ses premières productions (début prometteur qui le conduira par la suite au succès en réalisant les disques de Cat Stevens, Murray Head ou encore d’All About Eve et Beverly Craven pour ne citer qu’eux). Quant à Keith Relf, il doit partager le chant avec James et avec sa sœur Jane. Jane apporte à elle seule la touche magique du groupe et ouvre la voi(x)e aux chants féminins dans les groupes rock. L’ambiance aléatoire et folle des Yardbirds, semble tout d’un coup disparaître dans une musique plus technique et structurée. Le rock est en train de changer d’orientation. Le professionnalisme, la technologie, la publicité, s’installent définitivement dans le monde de l’après 68. Renaissance 1, tout en étant à l’origine de cette transformation du rock, n’en retirera aucun avantage.

Renaissance – "Illusion"/ 1971- LP (W Germany) Island 6339017

Le second album, sorti quasiment à titre postume, avec cette fois-ci une promotion zéro, ne décollera jamais, malgré la seconde superbe pochette "mystique" de Paul Whitehead. Quel dommage ! Combien d’albums sont ainsi passés à la trappe par des jeux commerciaux stupides de maisons de disques et des formations au savoir-faire indéniable mais auxquelles il manque la détermination et le faire-savoir. (Il est intéressant de constater à travers les noms Renaissance et Illusion que James était déjà attiré inconsciemment vers le Bouddhisme).

Et pourtant "Illusion" est le digne successeur du 1er album, c’est-à-dire un disque attrayant avec toujours cette délicieuse alchimie entre rock, classique et voix féminine. La production de Keith Relf, moins léchée et classique que celle de P.S.S,

est plus aventureuse et donne un charme particulier au disque. Rien n’est à jeter dans cet album qui présente un équilibre parfait entre les petites mélodies classiques "Love Goes on" et "Love is all", les longues pièces, comme "Past Orbits of Dust" (14mn35) avec un travail rythmique et sonore soignés tout en conservant le côté Happening et les grandes envolées classiques qui mettent particulièrement en valeur les voix de Jane et James ("Golden Thread"). "Face Of Yesterday" est sûrement la pièce majeure de cet opus et la seule qui implique vraiment tout le groupe (morceau qui sera d’ailleurs repris dans le 1er disque d’Illusion en 1976). Mais tout dans ce disque sent déjà la fin et en particulier le morceau "Mr Pine" qui est crédité d’une autre formation, avec 2 noms encore inconnus mais qui vont vite se révéler comme les nouveaux leaders de Renaissance : Michael Dunford comme compositeur et Betty Thatcher comme parolière. La force de cet album, outre sa qualité mélodique, réside dans l’équilibre réussi entre les trois chants et les chœurs.

Renaissance – "Innocence"/ 1998- CD Mooncrest CDESTCD O33

Ce CD voit la reprise intégrale en 1998 du premier album "Renaissance" avec 2 Bonus tracks composés par Mc Carty, jusqu’alors non édités : "Prayer For Light", "Walking Away" + 1 bonus "Shining Where The Sun Has Been" composé par Relf et Mc Carty qui était déjà paru entre autre sur l’excellent double Cd ‘Littles Games Session & More’ paru chez EMI US 0777-7-98213-27 en 1992 (Notons au passage que ce CD proposait, en plus, les 3 morceaux composés par Together en 1968 juste avant la formation de Renaissance officiellement introuvables jusqu’ici) + un 4ème bonus, le plus intéressant de tous, "All The Falling Angels" composé par Relf. Nous retrouvons également les deux morceaux "The Sea", et "Island" en version courte. (Ces 2 titres étaient déjà parus sur le 45 tours en 1969 (UK) Island EP6014005 et accompagnaient la sortie commerciale du premier album de Renaissance).

Renaissance "Off Shoots" TNT 910109-Luxembourg (1992)

Ce disque non officiel, paru en 1992, est le seul endroit où se trouvent réunis tous les morceaux rares épuisés depuis des lustres de Renaissance et de l’association Relf/Mc Carty (cités ci-dessus). Sont inclues également dans ce disque une partie du concert du Fillmore et 4 perles introuvables :

L’après Renaissance original

Puis les musiciens fondateurs partent progressivement, ce qui amène une situation paradoxale en 1972 : le groupe continue d’exister (sans qu’aucun musicien fondateur ne soit présent) et sort, fin 72 un troisième album "Prologue". James continue à écrire quelques morceaux pour la formation qui rapidement vole de ses propres ailes sous l’impulsion du tadem inspiré Dunford-Thatcher (présent déjà dans le second LP ‘Illusion’ de Renaissance 1) et de la voix d’or d’Annie Haslam (aussi captivante que celle de Jane, dans un registre plus aigu). De grands albums naîtront de cette seconde formation comme ‘Turn Of The Cards’ (3ème album du groupe et dernière contribution de Mc Carty sur un titre), ‘Sheherazade’, ‘Novella’, ou encore ‘Songs For All Seasons’ qui va porter haut les couleurs du style Classico-Folk-Rock et obtenir un énorme succès mérité aux USA et en Angleterre avec le hit "Northern Lights" (N°10 le 15-8-1978)

Et puis coup de théâtre : en 1976, le Renaissance original décide de se reformer. Ne pouvant reprendre leur nom d’origine, ils décident d’appeler tout simplement le groupe du nom de leur second album "Illusion". Keith Relf qui était le principal instigateur de cette reformation (avec Mc Carty), ne connaîtra jamais les joies de cette nouvelle expérience puisqu’il décède le 14-5-1976. Peu d’hommages seront rendus à ce musicien créatif, attachant et fragile.

2 magnifiques albums sortiront de cette réunion (+ un 3ème à titre posthume, non négligeable). 2 petites merveilles qui enchanteront tous les amoureux de mélodies soignées, de chants féminins et d’orchestrations classico-rock.

Illusion – "Out of the Mist"/ 1977- LP (UK) Island ILPS 9489

Nous retrouvons le groupe 5 ans après, dans le line-up original (sans Keith Relf décédé quelques mois avant) et enrichi de 2 musiciens : le guitariste John Knightsbridge et le batteur Eddie Mc Neil. Vous avez dit batteur ? Alors que fait Mc Carty ? Il chante et compose la totalité de l’album soit seul, soit avec John Hawken.

Quelle chance inespérée que ces musiciens puissent prolonger leur association créative après la fin surprenante et triste de l’album ‘Illusion’ en 1971 qui laissait vraiment une sensation d’inachevé et un goût amère. Tout dans ‘Out Of The Mist’ est satisfaisant, depuis les compositions longues et courtes alternées aux ambiances douces et feutrées comme dans "Beautiful Country" et "Everywhere You Go" ou rapides et puissantes comme dans "Solo Flight". Un disque équilibré où les vocaux sont répartis harmonieusement entre James et Jane. Ce disque semble rendre un hommage vibrant à Keith Relf, ce qui rend l’ambiance encore plus touchante : titre évocateur de la mort (Solo Flight, Roads Of Freedom….), pochette noire comme un faire-part…Etc. Et puis un petit cadeau : la reprise du sublime morceau "Face Of Yesterday", déjà présent sur le Lp Illusion et passé complètement inaperçu 5 ans auparavant.

L’opus se conclue sur "Candles Are Burning", long morceau de 7mn10, avec ces 2 parties opposées : une ouverture rythmée, rock sur un tempo rapide suivie d’un break et d’une fin classique au piano (morceau angélique, évocateur lui aussi de la mort de Relf).

Il est d’ailleurs curieux que Mc Carty ait répondu non, quand je lui ai demandé si l’album avait été composé en hommage à Keith Relf. L’inconscient a dû alors bien fonctionner!.

Illusion – "Illusion"/ 1978- LP (UK) Island ILPS 9519

1 an après naît le second opus du groupe, baptisé tout simplement ‘Illusion’. La différence avec celui d’avant ? La production de Paul Samwell-Smith. Paul, le vieux compagnon des Yardbirds, revient fort de ses productions. Une merveille de finesse et d’équilibre entre les guitares acoustiques, le piano classique et les voix. P.S.S. n’est pas étranger à cette réussite. Deux morceaux m’enchantent particulièrement : "Wings Across The Sea" où s’exprime toute la tendresse des harmonies vocales inimitables de Jane et James et surtout le morceau à emporter sur l’île déserte "Louis’ Theme", composé par l’élégant bassiste Louis Cennamo et écrit par Jane Relf. Harmonique de basse sur fond de piano où Jane atteint une expression vocale toute en lenteur et douceur. Mc Carty, quant à lui, compose seul ou avec Hawken, 6 des 7 titres de l’album dont le surprenant "The Revolutionary", mélodie rythmée, rapide où nous retrouvons le timbre inimitable du Mellotron (instrument magique qui sévit depuis 1968, date du fameux "Night In White Satin" des Moody Blues).

En 1994, ces 2 LP sont édités sur un CD ‘picture disc’ chez Edsel Records (UK)–EDCD 369. Un livret avec des photos originales, un historique et les 2 pochettes originales accompagnent le disque. Bonne initiative !

Illusion – "Enchanted Caress" / 1990- CD (UK) Promised Land 92152

Ces bandes sont issues de la préparation du 3ème disque d’Illusion prévu en 1979 et non réalisé à l’époque pour cause de dissolution du groupe suite au rejet pur et simple de la maison de disques Island trop occupée à promouvoir les nouveaux groupes Punk et New Wave de son catalogue. Ce CD, paru 12 après, renferme un étonnant morceau émouvant de Keith Relf, (autobiographique ?) "All The Falling Angels" (morceau que l’on retrouvera également 8 ans après sur le CD "Innocence").

Pour le reste, nous avons de solides mélodies en démos qui auraient pu donner un disque remarquable avec la patte du producteur, ami du groupe et ex-Yardbirds Paul Samwell-Smith. Beaucoup de mélodies courtes rythmées et tendres comme "The Man Who Loves The Trees" ou "Nights In Paris".

 

Stairway to New Age…..

En 1986, nouvelle aventure pour trois membres de Renaissance, James, Louis and Jane : Stairway. Le groupe enregistre sur la marque anglaise de musique New Age New World Cassettes devenue par la suite New World Music (NWM). Les deux premières productions sur musicassettes continuent les expériences passées de Renaissance et Illusion en enlevant le côté rock-folk. Cennammo et Mc Carty composent la totalité des musiques et des textes. Nous sommes plus dans le style minimaliste, répétitif de l’ambiant music. Les parties orchestrales et la recherche d’atmosphère calme, voire méditative restent la priorité, la batterie et la basse n’intervenant que dans quelques endroits. (ce qui est surprenant pour ces 2 musiciens qui laissent leurs 2 instruments de prédilection, la basse et la batterie).

Stairway–"Aquamarine"/ 1986- MC (UK) NWC 143 (réalisé sur musicassettes)

Stairway – "Moonstone"/ 1988- MC (UK) NWC 168 (réalisé sur musicassette)

Stairway – "Moonstone"/1988- CD (UK) NWCD 168

Ce CD offre une sélection des 11 meilleurs titres sur les 15 présents à l’origine sur les 2 cassettes ‘Moonstone’ et ‘Aquamarine’. (Notons que les 4 titres laissés pour compte ne sont pas indispensables sauf pour les fans). L’inspiration est de nouveau au rendez-vous avec toujours cette sensibilité et fragilité qui prennent ici une nouvelle dimension. L’absence de basse et batterie fait place aux résonances de la guitare acoustique de Loui, aux claviers de James, aux chœurs et au silence. Tout porte ici à la méditation, à l’élévation dans la plus grande simplicité. Ce cd indispensable offre une multitude de mélodies et de textes puissants comme "Bird of Paradise", "Aquamarine" avec le chant solo de Jane ou "Looking Inside" avec le chant solo de James. Et quand les 2 voix se trouvent réunies, cela donne 2 compositions magiques : "Ship of Happiness" et "Lavender Dawn". Quant aux instrumentaux, ils permettent à Loui de développer ses talents de guitariste soliste acoustique et de créateur d’atmosphères (on se souvient de "Louis’ Thème" !). De cette période créative naîtra un concert mémorable donné dans Londres à l’église St James le 3 février 1989, enregistré sur vidéo et distribué par le label de Michael Ober/Promised Land.

Puis d’autres disques de Stairway sont régulièrement produits avec toujours James et Loui, mais sans Jane Relf. Les deux amis composent alors trois disques en collaboration avec le groupe thérapeutique de Malcolm Stern :

‘Songs of the Heart’/1989- MC (UK) NWC 174, ‘Chackra Dance’/1989- CD (UK) NWCD 179, 2 disques de chants collectifs très sensibles mais ne présentant pas un intérêt particulier dans la composition musicale et surtout ‘Medicine Dance’/1992- CD (UK) NWCD 217 qui renoue avec les 2 premières créations du groupe sans en avoir la qualité mélodique.

Il faudra attendre 3 ans pour voir un nouveau disque de Stairway ‘Raindreaming’ avec la voix de Jane Relf sur un titre.

Nous nous éloignons de la rock music progressive puisque ‘Raindreaming’/ 1995- CD (Canada) Oasis1012 distille de longues compositions méditatives de qualité où la guitare de Loui donne l’ambiance du disque (notons que dans tous les disques de Stairway, le prénom de Louis a perdu son S !  !). Pas de répétition abusive, ni de séquences fleuves. Et quand Jane intervient de sa voix chaude et grave sur le morceau "Moonlight Skater" situé au milieu, c’est pour développer un rayon de soleil dans cette pluie de rêve bienfaisante. Oasis n’est autre que le nom de la compagnie discographique canadienne de Ron Korb (Ron est venu jouer de la flûte en invité dans le disque ‘Through The Fire’)

En 1995, un nouveau groupe est créé par Mc Carty, Pilgrim, avec John Richardson, l’un des héros des Rubettes (John ayant tourné définitivement la page de cette époque). Loui (dont le ‘S’ n’est toujours pas revenu) est présent mais comme musicien d’accompagnement.

2 CDs agréables verront le jour avec toujours quelques mélodies attrayantes de Mc Carty dans un ensemble peu hétéroclite tout de même pour obtenir la qualification d’indispensable.

Pilgrim – "Search Of The Dream Child"/ 1995- CD (UK) New World Company NWCD 297

Pilgrim – "Gothic Dream"/ 1996- CD (UK) New World Company NWCD 425

Ces deux disques auraient pu sortir en double tellement ils sont proches dans leurs ambiances et conceptions, avec tout de même une nuance : "Gothic Dream" paru 1 an après, semble avoir été réalisé avec les chutes de "Search Of The Dream Child".Ces 2 Albums renferment des mélodies allant de 3 à 5 mn. Il s’agit en fait d’une collaboration entre James et Carmen Willcox, co-fondatrice avec son mari Colin de la compagnie New World Music. A l’exception des textes écrits par Carmen, soit en totalité dans le 1er disque soit en alternance avec des poèmes de Keats, Shelley, Byron et Poe, ces 2 opus auraient pu être des albums solo de Mc Carty (James compose, arrange et produit tous les titres).

Quant aux deux autres musiciens du groupe Pilgrim, ils se font très discrets. John Richardson, l’ex batteur des Rubettes et créateur d’une bonne quinzaine de disques solo sur le label New World Music, chante sur 3 titres majeurs et Tania Matchett, chante en solo sur 2 titres. Nous retrouvons dans les invités Loui Cennamo pour le 1er disque.

La qualité mélodique de ‘Search For The Dream Child’ en fait un disque équivalent, voire supérieur à ‘Out Of The Dark’ et ‘Through The Fire’. Au banc des réussites, "Seduction", "Longing" ou encore "Agnus Dei". Piano feutré, violoncelle, accordéon ajoutent une ambiance naturelle et acoustique indispensable pour illustrer les textes romantiques et angéliques de Carmen Willcox.

Quant à ‘Gothic Dream’, Mc Carty reste seul au commande. Où sont passés les autres membres du groupe ? Il produit, arrange, lit les poèmes, chante, fait les chœurs, joue des percussions et de la batterie, et je le soupçonne même de tenir les claviers et le piano. Avec 5 instrumentaux manquant de relief et d’amplitude, 2 lectures de poèmes fades et 2 incantations répétitives en guise d’arrangements, (sur les 13 morceaux en présence) ce disque, loin d’être indispensable, sera tout de même apprécié des fans de Mc Carty qui réussit à lui tout seul à combler, avec des petites touches créatives impressionnistes, toutes les faiblesses du disque et l’absence des autres musiciens de Pilgrim. Et ce disque est significatif des problèmes que ce musicien a rencontré durant toute sa carrière: la peur de se lancer seul l’a conduit bien souvent à mettre toute son énergie dans la création de groupes. Car avec les compositions de ces 2 disques de Pilgrim, réunies dans un concept album, dotées d’une production importante et de temps pour mettre en place les choses, nous aurions eu à l’arrivée un authentique chef d’œuvre.

Enfin le premier album solo…..

James Mc Carty "Out of the Dark"/ 1994- CD (USA) Higher Octave Music HOMCD 7057

Cet album tant attendu de Mc Carty voit le jour en 1995. Pour la première fois de sa vie, James s’affirme comme un song writer, prend le risque de réaliser un album entier et développe toute la dimension de son potentiel vocal. Il sort de 30 ans d’expérience de groupes où il a toujours été l’élément moteur et motivant sans en avoir retiré vraiment les honneurs. Ici il produit, compose textes et musiques, chante sans retenue, joue des claviers et, bien entendu, de la batterie. Cette libération est confirmée par la petite phrase sur le disque : "cet album est dédicacé à tous ceux qui m’ont encouragé à chanter". Fini les fonds de salle avec la batterie, instrument difficile qui demande une abnégation, là où le ‘guitare-héros’ et le chanteur ‘sex symbole’ rayonnent sur le devant de la scène et suscitent toutes les envies de puissance. Et au niveau contact avec des guitaristes, James en connaît un rayon et pourrait écrire des pages sur le sujet.

Nous retrouvons sur ce disque Jane Relf, l’amie de 30 ans, en backing vocals, et aussi Matthew Fisher de Procol Harum, le guitariste Eddie Phillips de Creation et Don Crane de Downliners Sect’s, tous trois compagnons de James dans le super groupe créé entre 1990 et 1992 : The British Invasion All Stars (dont deux CD Blues Rock avec une énergie comparable aux meilleurs albums de British Blues des années 60, ont été réalisés sur Promised Land).

Il s’agit d’un album de mélodies ‘soft rock’ courtes (de 3mn27s à 5mn 22s) aux textes profonds et évocateurs d’une expérience intérieure. Ce qui étonne dans ‘Out Of The Dark’, c’est le calme, la sérénité et la cohérence des compositions avec quelques pointes de génie comme dans "Just a Breath Away" et "Still You Don’t Believe" où se mélangent piano acoustique et harmonies vocales de Jane et James.

 

En définitive……

James Mc Carty inscrit sa carrière musicale, au regard de ces 40 années passées, dans la continuité et la fidélité, avec une recherche spirituelle de plus en plus précise au fil des disques. Ce qui se traduit par le besoin d’écrire les textes de ses expériences intérieures et de les chanter lui-même. Au fil de tous ses groupes, il n’a cessé d’osciller entre le Rock Blues électrique, l’happening’ musical, le Rock Progressif et la mélodie pop rock douce, allant jusqu’à la musique méditative et à la Word Music.

Il définit aujourd’hui sa carrière comme ‘Up and Down’, et ne se voit pas arrêter la musique. D’ailleurs, de nombreux projets devraient voir le jour en 2003. Quelle va être sa prochaine orientation musicale ? Après le succès du ‘come back’ des Yardbirds et ce nouveau cd de Renaissance, nul doute que Mc Carty ne va pas pour autant délaisser sa carrière solo et sa recherche spirituelle. Parions également, comme il l’a laissé entendre dans l’interview, sur son intérêt grandissant pour les musiques du monde et sur sa volonté de s’éloigner de plus en plus des agitations du star système.

60 ans bientôt et toujours cette sensibilité et fraîcheur musicale que 4 décades n’ont pas réussi à tarir, avec en toile de fond cet esprit de recherche dans une authenticité et une simplicité touchante.

Une seule ombre au tableau : le peu de reconnaissance qu’il a obtenu au niveau des charts, la dernière datant de 1984 avec le succès mérité du 1er disque de Box of Frogs. A l’exception de Ray Davies des Kinks qui a traversé les époques avec élégance et créativité, peu d’artistes peuvent prétendre à un tel bilan de présence et de longévité sans compromission.

Merci Monsieur Mc Carty pour ce brillant parcours qui est loin d’être fini.