L'étonnante Histoire de

RENAISSANCE

Les contes des 1001 Nuits...

Une étude de Didier GONZALEZ

 

Après la dissolution des YARDBIRDS en 1968, le chanteur/guitariste KEITH RELF et le batteur JIM MAC CARTY décident de changer de registre musical, pour interpréter ensemble une musique beaucoup plus nuancée, basée sur une fusion entre des éléments folk, jazz et classique, qui sera pour l'essentiel interprétée sur des instruments acoustiques. Ils fondent le duo TOGETHER, enregistrant sous ce nom quatre titres qui donneront lieu à l'édition de 2 singles. On retrouve aujourd'hui le morceau "Together Now" sur l'édition CD de l'album LITTLE GAMES des YARDBIRDS. Le duo TOGETHER évolue début 1969 pour aboutir à la constitution de RENAISSANCE, avec l'intégration du pianiste JOHN HAWKEN (né le 9 mai 1940 à Bournemouth), en provenance des NASHVILLE TEENS, groupe fondé en 1962 en compagnie d'un certain MICHAEL DUNFORD dont on reparlera... Le trio est bientôt rejoint par le bassiste LOUIS CENNAMO (ex-HERD, né le 5 mars 1946) et JANE RELF, la propre sœur de KEITH au chant.

JIM MC CARTY se remémore : "Nous en avions assez des YARDBIRDS et songions à réaliser quelque chose d'un peu différent, plus mélodique et éloigné du blues. KEITH et moi-même étions concernés par la musique de BOB DYLAN et PAUL SIMON. Nous nous sommes intitulés TOGETHER et nous avons enregistré 3 ou 4 titres, que PAUL SAMWELL-SMITH produisit pour EMI et qui furent édités en tant que singles. Il nous présenta au manager JOHN MICHELLE, ce qui nous décida à monter le groupe, plutôt que de se contenter d'un enregistrement".

CHRIS DREJA, compagnon du temps des YARDBIRDS venait de monter un groupe en compagnie du guitariste B.J. COLE et du pianiste JOHN HAWKEN. JIM les invita, ainsi que le bassiste LOUIS CENNAMO, afin de se rendre compte si les musiciens pouvaient s'entendre.

"Nous nous sommes retrouvés chez moi à Moseley, et avons joué ensemble. BJ COLE domina un peu l'ensemble, et son jeu se révéla trop heavy, à la slide guitar et nous nous sommes rendu compte que cela serait meilleur sans lui. Puis nous avons engagé JANE dans le groupe, la sœur de KEITH, pour apporter une touche folk. Nous étions en train de répéter, puis JOHN commença à jouer ces parties classiques que nous avons décidé d'inclure. Nous avons ensuite réalisé tous ces arrangements complexes. Nous sommes restés ensemble, à proximité de mon domicile et avons joué ensemble chaque jour pendant quelques semaines. Puis JOHN MICHELLE est parti chez ISLAND rencontrer CHRIS BLACKWELL. Nous avions déjà PAUL SAMWELL-SMITH introduit dans le label, nous avons réalisé une démo puis conclu un contrat d'enregistrement. Le marché des albums devenait soudain plus vaste, et nous avons pensé qu'il serait plus agréable de réaliser un album plutôt que plusieurs singles de 3 minutes".

L'étape suivante fut de contacter ELEKTRA qui publia leur premier album aux Etats-Unis. Enregistré en 1969 aux OLYMPIC SOUND STUDIOS de Londres par l'ingénieur du son ANDREW JOHNS et produit par l'ancien YARDBIRD : PAUL SAMWELL-SMITH, le premier album : RENAISSANCE symbolise l'avènement d'une musique rock fusionnant avec l'héritage classique et la musique folklorique anglaise.

LOUIS CENNAMO se remémore l'album comme "un peu étrange ! JANE n'avait pas encore appris à chanter convenablement, et certains de ses vocaux tombaient un peu à plat. Je pense que les meilleurs titres étaient "Innocence" et "Bullet". "Kings and Queens" est introduit par le piano rhapsodique de JOHN HAWKEN, rejoint par la batterie feutrée de JIM MC CARTY, précédant le chant triste de KEITH RELF. La composition, toutefois comme l'ensemble de l'album est dominée par le travail de JOHN HAWKEN au piano, aux consonances tragiques, dramatiques.

La splendeur mélodique de l'ensemble des compositions, alliée à une réelle densité sonore ("King and Queens") éclate, tandis que les citations classiques du pianiste s'intègrent avec bonheur dans des morceaux à la texture délicate et soignée, au sein desquels la voix de velours de JANE RELF exerce un charme certain sur l'auditeur, en particulier dans "Island" et "Wanderer". Les influences rock de MC CARTY et RELF s'harmonisent remarquablement avec celles, classiques de HAWKEN et CENNAMO pour créer des moments de beauté pure.

La musique de RENAISSANCE se montre volontiers, à l'occasion aussi expérimentale, comme dans "Bullet", moment d'improvisation proche des happenings psychédéliques.

JIM MC CARTY : "Nous avons commencé à jouer dans le circuit, supportant d'autres groupes de l'écurie ISLAND, comme BLOODWYN PIG et FAIRPORT CONVENTION. Nous jouions une sorte de rock progressif qui représentait une alternative. Cela fut accepté en Angleterre, mais quand nous nous sommes rendus aux Etats-Unis, cela fut un peu plus difficile".

"Nous avons donné quelques concerts avec des groupes comme les KINKS et le public attendait de nous que nous jouions le blues. Quand nous avons commencé à jouer notre matériel classique, ils ne l'ont pas totalement accepté".

Cependant, RENAISSANCE jouait dans quelques unes des plus grandes salles du moment, comme les fameux FILLMORE de New York et San Francisco. Puis le groupe commença a subir les mêmes pressions que RELF et MC CARTY avaient déjà dû subir du temps des YARDBIRDS.

"C'est ce qui précipita la fin du groupe, confie MC CARTY".

Le groupe toutefois, pour des raisons contractuelles enregistre bientôt un second album : ILLUSION, aux OLYMPIC et ISLAND STUDIOS. L'album n'est publié cependant qu'en 1970 en Allemagne. "Golden Thread" ou "Love is all" se révèlent de petits chef-d'œuvres mélodiques, offrant de bien belles harmonies vocales, tandis que la voix de JANE RELF semble s'épanouir, particulièrement dans le très beau et mélodique "A face of Yesterday". Past orbits of dust" renoue avec l'approche plus expérimentale de "Bullet" (les sonorités jazz du piano électrique de DON SHIN). Mais ce RENAISSANCE est déjà moribond, et déjà pointe à l'horizon le nouveau : celui de MICHAEL DUNFORD. Alors que KEITH RELF et JIM MC CARTY ont décidé de jeter l'éponge, JOHN HAWKEN décide d'appeler en renfort son ami MICHAEL DUNFORD, compagnon du temps des NASHVILLE TEENS, formation britannique ayant vu le jour en 1962. Celui-ci, qui joue de la guitare acoustique emmène avec lui l'une de ses compositions : "Mr Pine". TERRY SLADE assume la partie de batterie, tandis que TERRY CROWE assure le chant. NEIL KORNER est recruté à la basse, car LOUIS CENNAMO vient de rejoindre COLOSSEUM (il participera à l'album DAUGHTER OF TIME). Sur ce titre, on peut entendre les prémices du pont de "Running Hard", composition qui figurera sur l'album TURN OF THE CARDS en 1974.

La première formation de RENAISSANCE a donc vécu, puisque KEITH RELF et JIM MAC CARTY ne sont plus membres du groupe dès Septembre 1970. KEITH rejoint MEDECINE HEAD, tandis que JIM MC CARTY forme SHOOT, formation au sein de laquelle il tient les claviers. LOUIS CENNAMO, parti jouer avec COLOSSEUM n'y restera que le temps d'un bref séjour, car son jeu de basse ne correspond pas à la musique du groupe beaucoup plus heavy ; il rejoindra bientôt STEAMHAMMER. De son côté, JOHN HAWKEN qui joue encore quelques temps avec JANE RELF rejoint bientôt SPOOKY TOOTH.

Durant Septembre et Octobre 1970, une nouvelle formation de RENAISSANCE, composée de JOHN HAWKEN, JANE RELF, MICHAEL DUNFORD, TERRY CROWE, TERRY SLADE & NEIL KORNER se produit sur scène lors d'une tournée Européenne.

D'après JIM MC CARTY : "Nous avions pensé, au début conserver un rôle en coulisses. KEITH disait qu'il préférait produire que jouer, et je pensais que j'aimerais écrire quelques chansons. Puis le groupe changea son personnel. KEITH et moi-même sommes partis, et JANE et JOHN jouèrent ensemble un moment. Puis ils disparurent et le nouveau groupe se constitua, graduellement, un par un !".

JANE RELF quitte effectivement le groupe après la tournée d'automne, pour être remplacée, durant 3 mois par la chanteuse américaine BINKY CULLOM.

Ce fut un processus complexe, peut-être sans équivalent dans l'histoire du rock. "C'était étrange. Je trouvais que tourner était devenu très stressant, aussi ils ont introduit des gens que JOHN HAWKEN connaissait, comme MICHAEL DUNFORD. Je me souviens de l'audition des chanteuses lorsqu'ils ont engagé ANNIE HASLAM, sœur de MICHAEL HASLAM, un chanteur qui avait été engagé par BRIAN EPSTEIN et impliqué dans des shows avec les BEATLES. Puis JOHN HAWKEN partit et ils engagèrent un autre pianiste, JOHN TOUT. Dès lors, tous les membres originaux étaient partis".

Le nouveau RENAISSANCE comprenait MICHAEL DUNFORD à la guitare et ANNIE HASLAM au chant, JOHN TOUT aux claviers, JON CAMP à la basse et TERRY SULLIVAN à la batterie. JIM MC CARTY explique : "J'écrivais quelques chansons pour le nouveau groupe, puis ils commencèrent à écrire eux-mêmes. J'avais été présenté à BETTY THATCHER, qui m'envoyait ses poèmes depuis la Cornouaille ; j'écrivais ensuite des chansons sur ces bases. Puis MICHAEL DUNFORD commença également à collaborer avec elle".

MICHAEL DUNFORD écrit 4 des 6 compositions du nouvel album, mais ne figure pas sur l'enregistrement. Son remplaçant escompté, le guitariste MICK PARSONS trouve la mort dans un tragique accident de voiture. C'est finalement le guitariste ROB HENDRY, recruté en dernière minute qui joue sur l'album PROLOGUE (enregistré en juin/juillet 1972 aux NOVA SOUND STUDIOS de Londres par MILES COPELAND). Paru à l'automne 1972, PROLOGUE s'avère d'une coloration plus classique encore que l'album précédent. 2 compositions de JIM MC CARTY ont été incluses. Au premier rang des instrumentistes, JOHN TOUT excelle, particulièrement au piano, s'affirmant d'un bout à l'autre de l'album un instrumentiste de première valeur. Cosignant avec MICHAEL DUNFORD l'intégralité des arrangements, il affirme sa prééminence. Mais que dire de la voix d'or d'ANNIE HASLAM, divine soprano dont les vocalises radieuses font merveille dès "Prologue", composition instrumentale qui met en exergue la virtuosité pianistique de JOHN TOUT. Autre temps fort de l'album, l'orientalisant "Rajah Khan", construit sur un rythme de guitare et de basse lancinant, quelques accords de sitar, de brèves séquences pianistiques et dans lequel FRANCIS MONKMAN de CURVED AIR délivre une inspirée séquence de VCS3 Synthétiseur.

A peine les sessions d'enregistrement du disque terminées, le guitariste ROB HENDRY quitte le groupe et MICHAEL DUNFORD est appelé à s'impliquer dans l'album suivant, ASHES ARE BURNING (enregistré en 1973 et produit par DICK PLANT). Dans ce disque, DUNFORD n'a pas été crédité comme membre du groupe à part entière, mais son travail à la guitare acoustique est bien partie intégrante du nouveau son RENAISSANCE. Cet album franchit un nouveau palier en direction d'une musique plus personnelle et élaborée. Le titre d'ouverture, "Can you understand", solennellement introduit au gong offre une partie instrumentale de piano dramatique, toute en puissance et majesté, soulignée par la guitare acoustique rythmique de DUNFORD tandis que la basse de JON CAMP et la batterie de TERENCE SULLIVAN confèrent une force inhabituelle à la musique. La seconde moitié du morceau voit le chant langoureux d'ANNIE HASLAM lentement s'élever, bientôt rejoint par une guitare acoustique dont le tempo va crescendo. La troisième partie se compose d'une séquence orchestrale de toute beauté, qui enrobe l'intervention centrale du piano. Quels merveilleux arrangements et quelle leçon d'harmonie ! les cordes sont dirigées par RICHARD HEWSON. Le final reprend le thème initial, avec plus d'emphase et plus d'ampleur, plus de fortissimo dans l'orchestration. Autre temps fort, "Carpet of the Sun", scintillante ballade introduite par de somptueux accords de guitare acoustique. Bénéficiant des arrangements pour orchestre la composition séduit par son mélange de grâce (la voix d'ANNIE HASLAM, la finesse de la mélodie) et de majesté (les étincelants arrangements orchestraux).

L'influence classique toujours déterminante dans la musique de RENAISSANCE est maintenant intégrée. On retrouve cependant une reprise de "La Cathédrale Engloutie" de DEBUSSY, dissimulée derrière la majestueuse introduction pianistique de "At the harbour". Pour "Ashes are Burning", l'un des temps forts de l'album ANDY POWELL de WISHBONE ASH est venu prêter main forte, exécutant un long et lyrique solo de guitare électrique final.

Ecoutons ce qu'en dit ANNIE HASLAM : "Le morceau titre de notre second album est devenu notre hymne, spécialement en Amérique. Il peut durer vingt, jusqu'à trente minutes, et peut inclure soli de batterie et de basse, se concluant par des vocaux d'opéra, provenant de la période durant laquelle je cherchais à étendre mes octaves !"

La parution du cinquième album : TURN OF THE CARDS, en 1974 assied définitivement la renommée de RENAISSANCE. L'album, enregistré au DE LANE LEA MUSIC CENTER à Wembley, dans le Middlesex est produit par le groupe, DICK PLANT (également ingénieur du son) et RICHARD GOTTEHRER. Il bénéficie de somptueux arrangements orchestraux signés JIMMY HOROWITZ, particulièrement éclatants dans "Running Hard", dont la somptueuse introduction pianistique donne d'emblée le ton majestueux et précieux qui demeurera tout au long de l'album. Plus en demi-teinte, moins éclatante, l'introduction orchestrale de "Mother Russia" met cependant en scène une composition aux accents dramatiques, magnifiée par ces emphatiques arrangements orchestraux dont le groupe devient au fil de ses productions le plus éminent spécialiste. Cependant, la voix de velours d'ANNIE HASLAM, au pur timbre de soprano participe pleinement à l'éclatante réussite du disque, lors des tendres ballades "Black Flame", "I think of you", dominées par les arpèges de guitare acoustique de MICHAEL DUNFORD. Lors du poignant "Cold is being", thème interprété par JOHN TOUT à l'orgue et emprunté à l'Adagio d'ALBINONI, la voix d'ANNIE touche au sublime.

SCHEHERAZADE & OTHER STORIES, l'album suivant, enregistré en mai 1975 aux légendaires ABBEY ROAD STUDIOS par l'ingénieur du son JOHN KURLANDER révèle une nouvelle phase de l'évolution musicale du groupe. Pour la première fois, l'album a été produit par RENAISSANCE.

Les arrangements orchestraux sont cette fois signés TONY COX. Cet album comprend les plus larges plages instrumentales de l'histoire du groupe et marque la prédominance instrumentale de JOHN TOUT, dont le piano domine de haut l'ensemble des compositions. Le long prélude pianistique de "Trip to the Fair" se montre assez révélateur de l'ensemble de l'album. L'inspiration mélodique se révèle à son summum dans cet album de la pleine maturité, succulent mélange de sonorités précieuses et chatoyantes, mêlant piano, clavecin, vibraphone, guitare acoustique et parties orchestrales interprétées par le LONDON SYMPHONY ORCHESTRA).

RENAISSANCE en tournée aux Etats-Unis enregistre les 20, 21 et 22 juin les shows qu'il donne au CARNEGIE HALL de New York, accompagné par le NEW YORK PHILARMONY ORCHESTRA. Publié en 1976, le double album LIVE AT CARNEGIE HALL restitue toute la magie de ces concerts.

SCHEHERAZADE & OTHER STORIES, l'album suivant, enregistré en mai 1975 aux légendaires ABBEY ROAD STUDIOS par l'ingénieur du son JOHN KURLANDER révèle une nouvelle phase de l'évolution musicale du groupe. Pour la 1ère fois, l'album a été produit par RENAISSANCE.

Les arrangements orchestraux sont cette fois signés TONY COX. Cet album comprend les plus larges plages instrumentales de l'histoire du groupe et marque la prédominance instrumentale de JOHN TOUT, dont le piano domine de haut l'ensemble des compositions. Le long prélude pianistique de "Trip to the Fair" se montre assez révélateur de l'ensemble de l'album. L'inspiration mélodique se révèle à son summum dans cet album de la pleine maturité, succulent mélange de sonorités précieuses et chatoyantes, mêlant piano, clavecin, vibraphone, guitare acoustique et parties orchestrales interprétées par le LONDON SYMPHONY ORCHESTRA).

RENAISSANCE en tournée aux Etats-Unis enregistre les 20, 21 et 22 juin les shows qu'il donne au CARNEGIE HALL de New York, accompagné par le NEW YORK PHILARMONY ORCHESTRA. Publié en 1976, le double album LIVE AT CARNEGIE HALL restitue toute la magie de ces concerts.

L'album suivant : NOVELLA est enregistré en novembre 1976 au DE LANE LEA MUSIC CENTRE de Wembley par l'ingénieur du son DICK PLANT. Publié en 1977, le disque dévoile encore une très grande inspiration dominée par l'emphase des orchestrations, le classicisme des arrangements, la somptuosité des harmonies qu'illustre l'épique "Can you hear me?", dont les ingrédients musicaux : délicat accompagnement aux guitares acoustiques rythmiques, soumis à d'inhabituelles et grandioses ruptures de rythmes renforcent l'aspect dramatique de la musique. ANNIE HASLAM offre dans "The Sisters" une performance d'une intensité toute particulière, atteignant un degré émotionnel intense, soutenue par l'accompagnement hispanisant de MICHAEL DUNFORD à la guitare acoustique, tandis que les claviers majestueux de JOHN TOUT survolent la composition.

"Midas Man", dont le thème fut écrit naguère par JANE RELF ici repris et réarrangé par MICHAEL DUNFORD offre un festival de sonorités de guitares acoustiques cristallines, tandis que la palme de l'émotion revient une nouvelle fois à ANNIE HASLAM pour sa grande performance vocale. "Touching once (is so hard to keep) évoque par la teneur de sa mélodie et sa couleur orchestrale l'inspiration de "Mother Russia".

Le 14 octobre 1977, le groupe se produit pour la première fois au mythique ROYAL ALBERT HALL de Londres, où il donne un show mémorable, immortalisé sur 2 CD publiés par KING BISCUIT FLOWER HOUR le 11 février et le 25 mars 1997.

En Novembre 1977, RENAISSANCE entre en studio pour l'enregistrement de son nouvel album : A SONG FOR ALL SEASONS (réalisé aux ADVISION CTS et TRIDENT STUDIOS de Londres) jusqu'en janvier 1978. L'album est enregistré par l'ingénieur du son DAVID HENTSCHEL, également producteur, tandis que LOUIS CLARK signe les arrangements orchestraux. L'album est enregistré avec la participation du ROYAL PHILARMONIC ORCHESTRA. 2 compositions majeures : "Day of the Dreamer" et "A song for all seasons" se détachent, de par leur conception cyclique, leurs arrangements complexes, leurs sonorités luxuriantes, leur magnificence mélodique. Le son du groupe possède une densité qui marie amplitude orchestrale et puissance, même s'il demeure fondamentalement acoustique. "Northern Lights", premier morceau dans lequel ANNIE HASLAM démultiplie sa voix sur plusieurs pistes deviendra le seul single à succès du groupe, atteignant le N°7. RENAISSANCE part ensuite en tournée en Grande Bretagne, puis aux Etats-Unis. En novembre 1978, le groupe démarre l'enregistrement de son prochain album : AZURE D'OR aux MAISON ROUGE STUDIOS de Londres, dont les sessions durent jusqu'en février 1979. L'album est enregistré par DAVID HENTSCHEL. , ingénieur du son, également producteur.

La veine mélodique demeure toujours aussi brillante, mais l'ambition musicale semble avoir été placée cette fois-ci à un degré moindre, aucun travail orchestral n'étant réalisé dans cet album. AZURE D'OR présente un ensemble de compositions plus courtes et accrocheuses, plus proches de rock songs dans l'esprit que du rock symphonique qui prévalait dans les productions antérieures. Aucune composition ne se détache vraiment d'un ensemble plutôt homogène, si ce n'est l'émouvant "Kalynda" mis en valeur par le chant d'ANNIE HASLAM. Il semble qu'une ambition, une dimension aient désormais disparues. La musique de RENAISSANCE tend à perdre ce lyrisme qui la caractérisait et de belle, devient seulement jolie...

En 1980, RENAISSANCE après la faible réponse du public à AZURE D'OR voit son contrat d'enregistrement chez SIRE interrompu. JOHN TOUT d'abord, TERENCE SULLIVAN ensuite quittent le groupe durant cette période. ANNIE HASLAM et MICHAEL DUNFORD enregistrent ensemble, sous le nom de NEVADA 2 singles pour POLYDOR UK, tandis que JON CAMP rejoint temporairement HELICOPTERS, le groupe de ROY WOOD. En 1981, ANNIE, MICHAEL et JON décrochent un contrat avec IRS, le nouveau label de MILES COPELAND. Ils enregistrent un nouvel album : CAMERA, CAMERA aux HERNE PLACE STUDIOS de Sunningdale dans le Berks, avec le concours de PETER GOSLING (claviers) et PETER BARRON (batterie). Dans cet album à l'inspiration défaillante, le son du groupe tend à l'uniformisation, notamment à cause de la sonorité du yamaha de GOSLING, tandis qu'aucune partie orchestrale n'est ajoutée. On retient essentiellement 2 titres : "Bonjour Swansong" et "Ukraine Ways" pour leur qualité mélodique. Les nouveaux morceaux conviennent cependant mieux àla scène qu'au studio et la tournée US 1981 est un franc succès. En 1982, GAVIN HARRISON et MIKE TAYLOR remplacent respectivement PETER GOSLING et PETER BARRON aux claviers et à la batterie pour leur nouvelle tournée américaine. Un album final voit le jour en 1983 : TIME LINE, enregistré comme le précédent aux HERNE PLACE STUIDOS de Sunningdale, dans le Berks. "The Entertainer" se situe encore à un bon niveau mélodique, tandis que les claviers simulent un semblant d'orchestration, mais l'ensemble du disque se révèle dans l'ensemble assez décevant. RENAISSANCE continue de se produire sur scène aux Etats-Unis, où le groupe demeure apprécié, mais la dimension des salles dans lesquelles il se produit se réduit. En 1985, le contrat discographique avec I.R.S n'est pas renouvelé, et JON CAMP quitte le groupe. MARK LAMPARIELLO est alors recruté, celui-ci jouera indifféremment de la guitare et de la basse, tandis que RAPHAEL RUDD tient désormais les claviers. De nouvelles compositions sont rodées sur scène, mais aucune négociation pour la signature d'un nouveau contrat discographique n'aboutit. En 1986, RENAISSANCE fait deux apparitions au ROYAL FESTIVAL HALL de Londres ; il continue par ailleurs de se produire avec une fréquence bisannuelle aux Etats-Unis. Cependant, ANNIE HASLAM et MICHAEL DUNFORD commencent à s'investir chacun davantage dans des projets solo, et la décision est prise en 1987 d'arrêter l'activité du groupe. Après une dernière tournée américaine, RENAISSANCE donne son concert d'adieu le 6 juin 1987 à Sayreville (New Jersey).

Depuis la séparation de RENAISSANCE en 1987, ANNIE HASLAM a démarré une carrière solo et publié plusieurs albums remarquables, tous illuminés de sa voix merveilleuse.

Dès 1985, elle avait publié STILL LIFE, un album accompagné par un orchestre symphonique, dirigé par LOUIS CLARK et composé d'adaptations de thèmes classiques célèbres, sur lesquels ANNIE avait greffé des paroles.

Elle récidivait en 1989 avec l'album ANNIE HASLAM, constitué de chansons à l'enrobage plus pop, sur lequel on retrouvait notamment "Moonlight Shadow" composé par MIKE OLDFIELD et "The Angels Cry" écrit par JUSTIN HAYWARD.

En 1994, la chanteuse publiait BLESSING IN DISGUISE, sous le nom d'ANNIE HASLAM'S RENAISSANCE (voir notre interview réalisée dans Highlands magazine, mai 2001).

Le label allemand REPERTOIRE publiait en 1995 le coffret rétrospective DA CAPO, une commémoration de la musique du groupe en 2CD incluant un livret richement illustré et un historique intéressant.

En 1997, le label américain KING BISCUIT FLOWER HOUR publiait 2 CD enregistrés en public sous les titres AT THE ROYAL ALBERT HALL, Part 1 & 2, enregistrés le 14 Octobre 1977. Peut-être les meilleurs enregistrements publics de l'histoire de RENAISSANCE, ces deux disques offrent la meilleure prise de son possible, avec de superbes versions de "Running Hard," "Midas Man," "A Song for all Seasons," "Can You Hear Me," "Mother Russia," "Touching Once Is So Hard to Keep," "Can You Understand," "Carpet of the Sun," "Song of Scheherazade" et une interprétation orchestrale de "Prologue." De plus, figurait sur le second volume un morceau inédit enregistré au début des années quatre-vingt : "You,"

La même année, le label Anglais HTD publiait une nouvelle compilation intitulée SONG FROM RENAISSANCE DAYS, comprenant des notes de livret d'ANNIE HASLAM et MICHAEL DUNFORD. Cet album incluait seulement des titres inédits, tels "Africa," "Writers Wronged," "You," "Dreamaker," "Island of Avalon" ainsi qu'une nouvelle version de "Northern Lights." La superbe qualité de ces morceaux inconnus faisait de cet album une aubaine pour tous les nostalgiques et collectionneurs de RENAISSANCE.

ANNIE HASLAM entamait pour sa part une série de concerts au Brésil, enregistrés sur l'album LIVE UNDER BRAZILIAN SKIES publié en 1997. Cet album reprenait nombre de classiques de RENAISSANCE, interprétés au piano par DAVID BIGLIN, ainsi que quelques nouveaux titres, tels "Seashell Eyes".

En 1999, ANNIE publiait son nouvel album studio, l'excellent THE DAWN OF ANANDA, avec les précieux concours de RAVE TESAR au piano, claviers et arrangements, ainsi que de MICHAEL DUNFORD et TONY VISCONTI sur d'autres titres.

La chanteuse se produisait en Septembre 1999, accompagnée de MICHAEL DUNFORD à l'ASTORIA de Londres en première partie de CARAVAN.

En Décembre, ANNIE publiait un recueil de chansons de Noël : IT SNOWS IN HEAVEN TOO, produit et arrangé par RAVE TESAR.

Il faut signaler parmi la discographie de RENAISSANCE la parution du double CD : BBC sessions en 1999 chez WOUNDED BIRD, recueil d'enregistrements live s'échelonnant entre mai 1975 et Août 1978 dans lequel on peut trouver outre les classiques tels "Ashes are Burning" ou "Mother Russia" des titres tels "Midas Man", "Can you hear me" ou "Day of the Dreamer".

En 2000, chez MOONCREST est publié l'album LIVE AT THE ACADEMY OF MUSIC, dont la date d'enregistrement (1985) en fait un passionnant document témoignant d'une période méconnue de l'histoire du groupe.

Le dernier album live en date, DAY OF THE DREAMER est également paru en 2000 chez MOONCREST et semble restituer un concert de 1978. Il est également plus qu'à conseiller. La suite, c'est l'histoire récente de TUSCANY, dont l'analyse musicale clôturera ce dossier.

Didier GONZALEZ