LES MASTER PIECES DE LA MUSIQUE PROGRESSIVE ou

LES ANNEES 1970-1972 EN ANGLETERRE ou

LES 3O ANS/HISTORIQUE DU ROCK PROGRESSIF

Par Luc MARIANNI

 

PREFACE ET CHAPEAU

Le mouvement Rock Progressif  dont les débuts se situent à la fin des années 60, a trouvé ses lettres de noblesse sur 2 ans de 1970 à 1972. Deux années d’une richesse hors du commun qui voient la sortie de 9 disques qui vont devenir les fondements d’un courant musical s’imposant sur toute l’Europe et aux USA comme la marque des Seventies.

L’APRES WOODSTOCK….

9 groupes vont se former à la fin des sixties, dans l’ombre du festival de Woodstock. Aucun d’entre eux ne participera à cette messe grandiose. 9 groupes qui préparent en secret, dans les nuits blanches des studios, des petites merveilles . L’avènement du matériel et instruments électroniques, des effets sonores, des multipistes vont bien entendu être les éléments centraux de cette nouvelle orientation du travail musical et de ce nouvel attrait pour la recherche sonore. La conséquence directe : les morceaux s’allongent jusqu’à remplir une face complète. Les 9 Masters Pieces sont nées.

Tous ces disques ont la particularité d’être sortis entre 1970 et 1972 et sont dotés d’une face entière entre 19 et 23 mn, chantées et composées avec un développement digne d’une œuvre symphonique. Une face entière, souvent B, marquée du sceau d’un unique morceau, avec des Claviers omniprésents émergent en pleine époque Woodstock, temple du Blues-Rock. Période fantastique où les Who proposent leur Opéra "Tommy / Track 613-013/4-UK ", pièce musicale superbe mais qui reste teintée de mélodies courtes dans le style Pop-Rock-British-Blues sans pour autant développer une unité dans la composition (Ils récidiveront quelques années après avec "Quadrophénia / Track 2647-0136UK"). Et puis débarque le célèbre "In a gadda da vida / Atco 250-USA" du groupe américain Iron Butterfly composé en 1968. Peu de rapprochement avec le courant progressif sinon la suite musicale de 17mn05s teintée de Heavy-Metal-Rock-Blues, classée dans toutes les charts de l’époque et qui ouvre la voix aux longs développements musicaux. (Bien qu’en réécoutant le solo d’orgue angélique et planant à souhait et les divers petits breaks de batterie/guitare/claviers avec quelques harmonies classiques et orientales, cela le ferait presque…).

Tout cela pour présenter quelques caractéristiques importantes du mouvement progressif à son origine : la durée des compositions, la mélodie comme point central, et le développement musical et harmonique fortement influencé par le Classique.

Recherche d’esthétisme et d’intégration

Donc si nous résumons, le rock devient plus esthétique que contestataire et ses objectifs sont de :

-Trouver un second souffle à la musique Pop Rock qui sévit depuis 10 ans (dont le point charnière est le festival de Woodstock) et la faire "progresser ".

-Sortir de la contestation du R’N R et participer à la société en utilisant toutes les ressources musicales.

-Sortir de la formule basse/batterie/guitare et incorporer toute la technologie naissante. Créer une musique sur les bases de la culture européenne et qui se différencie de la musique Rock/Blues/Gospel/Jazz/Rythm‘n Blues des Américains.

(On se souviendra de cette époque, de Keith Emerson avec les Nice brûlant sur scène un drapeau américain à la fin du morceau "America " en prononcant la phrase "America is pregnant with promise and anticipation but there ‘s murder by the hand of the inevitable " ou si vous préférez dans la langue de chez nous " l’Amérique ‘se croit’ porteuse de promesse et d’espoir (pour l’humanité) mais en fait le meurtre sévit sous couvert et par l’entremise de la main divine (dont elle se croit le porte- parole) ".

-Sortir de la variété et de la sous utilisation de l’orchestre symphonique caractérisée par les nappes de violons standards (que Genesis d’ailleurs testera au début de sa carrière), du 45 tours (qui possède une faible durée et une qualité sonore inférieure au 33 tours), de la mélodie construite sur le mode intro, refrain, couplet, et fondu au final ou, à l’inverse, des grandes improvisations fleuves et répétitives du Blues-Rock. Notons au passage que tous les groupes de Rock Progressif en général ne vont s’exprimer que sur LP/33 tours et que les EP/ 45 tours se feront rares et peu prisés des mélomanes. Sorte de réaction contre la limitation de la création et les normes commerciales envahissantes qui commencent à se mettre en place.

Et puis au même moment de cette tentative de progresser dans la composition, nous assistons à un retour aux formes classiques par l’harmonie, les instruments, les reprises et l’utilisation de l’orchestre symphonique…. Tout mouvement a ses contradictions !  Le résultat direct de cette contradiction permet au rock de sortir de sa marginalité. Mais au-delà de cette analyse socio-musicale, la réalité du terrain est bien là : un large public se reconnaît immédiatement dans ce style de musique à travers des valeurs et des points de repère communs.

 

 

Nom :Mellotron/ Profession : Chef d’orchestre

Nul doute que le Mellotron a été (avec les String Ensembles et les Synthétiseurs) l’outil de la " progression ", même si certains fuiront cet instrument lancinant pour utiliser directement l’orchestre en chair et en os comme Procol Harum, le Pink Floyd, ou encore ELP, Keith Emerson déclarant à plusieurs reprises qu’il n’aimait pas le Mellotron, fait que l’on comprend parfaitement quand nous comparons la vélocité légendaire du surdoué du rock et la lenteur irrémédiable de Mr Mellotron. (Beaucoup plus tard viendront les Samplings et Expandeurs Multitimbraux, véritables orchestres symphoniques de poche, qui permettront toutes les fusions sonores ethniques et autres).

Le Mellotron est un instrument curieux, difficile d’emploi, rapidement déréglé et surtout possède une facture sortie tout droit du concours Lépine tellement elle est rudimentaire et à la fois géniale. Il devient l’indispensable 3 en 1, incluant dans la même boite le plus souvent : chœur, orchestre de violons et section de cuivres. La musique progressive trouve une de ses marques : avoir un orchestre symphonique à disposition et un chœur dans un peu plus d’un mètre cube. Et ce Mellotron, rendu populaire par les Moody Blues avec "Nights in white satin / Deram DM 161-UK" en 1967, ne va cesser de faire des émules par la qualité de sa sonorité si imparfaite qu’elle en deviendra sublime, imprimant partout où il passera, un romantisme teinté de lenteur et de mélancolie. Il devient un instrument à part entière, lui qui était destiné à être l’orchestre classique du pauvre. Quelques musiciens en font leur instrument de prédilection : Tony Banks de Genesis imprime un mode de jeu qui fera école dans l’ouverture de "Watchers of the skies ", Robert Fripp de King Crimson ou encore Rick Wakeman de Yes. Il y a quelque chose de grandiose dans cet instrument qui produit une envolée céleste et intervient pour donner à la composition son apogée et sa touche finale. L’instrument disparaîtra à la fin des années 1970 remplacé par les "puces sonores électroniques" pour resurgir avec discrétion dans les années 1990.

Les caractéristiques de ces 9 chefs d’œuvre

Ces 9 albums, sortis tout droit d’un conte de fées, entre 1970 et 1972, vont faire rêver toute une génération. Ils sont situés 2 ans après mai 68, 1 an après le festival de Woodstock et le premier humain sur la Lune. Ils comportent tous une face B (le plus souvent) renfermant un unique morceau de plus de 18mn. Cette œuvre musicale raconte une histoire ou développe un concept avec un fond social ou fantastique. Les groupes ont tous vu le jour entre 1966 et 1969 (sauf ELP en 1970, un des premiers ‘Super groupe ‘ qui unit des membres de King Crimson, Nice et Atomic Rooster). Ils ont également la particularité de tous posséder un chanteur d’exception que ce soit Ian Anderson, Jon Anderson, G. Lake, P. Hammill, R. Wyatt, R. Sinclair, P. Gabriel ou encore le duo R. Waters /D. Gilmour. Et pour finir le panorama, ces groupes sont tous britanniques et ne comportent aucune femme. La culture classique, l’écriture musicale et les instruments acoustiques sont souvent présents. L’improvisation, le happening, le délire psychédélique sont remplacés par un souci esthétique, professionnel et des shows scéniques techniques et sophistiqués (Tous ces groupes, à de rares exceptions, auront beaucoup de mal à improviser sur scène, essayant de reproduire le son de leurs albums dans un cadre technologique de plus en plus lourd et réduisant de fait la marge de manœuvre). La création et l’alchimie du son se font en studio. Ces 9 formations ont une telle maturité et leur impact a été si fort qu’elles sont encore toutes présentes 30 ans après, ou bien les musiciens, encore bons amis, jouent souvent ensemble (Ce qui est le cas pour Van Der Graaf Generator ou Soft Machine). Ces groupes ont tous donné par la suite des musiciens solos (surtout pour Genesis, King Crimson, Yes ou Soft Machine). Les musiciens, dans leur grande majorité viennent du Blues Rock et dès leur début professionnel, ils changent radicalement de style : une sorte de génération spontanée musicale. Notons que le précurseur en la matière est sans aucun doute le groupe Renaissance version N°1 qui se crée sur les cendres délirantes des Yardbirds, groupe de Blues Rock Psychédélique mythique des Sixties fondé par le duo magique K. Relf/J. Mac Carty.

Et ce qui a du mal à se créer en France, se réalise ici : le professionnalisme et la connivence de tous ces musiciens. Il s’agit au Royaume Uni d’un authentique mouvement puisque les musiciens vont sortir de leur propre formation pour aider, rejoindre, ou produire les autres groupes. C’est sans doute le fait le plus marquant. Je ne citerais que Fripp venant aider Van Der Graaf, Jon Anderson et sa voix si frêle chantant la superbe intro de Lizard du ‘Roi Pourpre’, Greg Lake sortant prématurément du même Roi Pourpre en pleine gloire pour rejoindre Emerson. Ou encore Bill Bruford, batteur migrateur quittant Yes pour King Crimson (encore lui) avec une escapade dans un Genesis encore tout bouleversé du départ de son ange Gabriel, la réunion des deux Steve (Howe et Hackett) dans GTR, Nick Mason du Pink Floyd produisant Robert Wyatt malade et en pleine détresse, les musiciens interchangeables des deux groupes frères Caravan et Soft Machine ( ‘Le Canterbury  Sound’) dont la récente sortie des 4 CDs "Canterburied Sounds /Voice Print 201 à 204 CD-UK" atteste de l’étroite fusion dans les sessions et dans le groupe mythique Wilde Flowers dès 1963. Sans parler des musiciens vagabonds comme Phil Collins le célèbre batteur/chanteur de Genesis et Mel Collins de King Crimson laissant leurs noms sur un nombre impressionnant de disques de l’époque, Eddie Jobson autre surdoué passant de Curved Air au grand Zappa via Roxy Music, se joignant à Jethro Tull le temps d’un LP, sympathisant avec Bruford et Wetton pour fonder U.K. avec le guitariste Allan Holdsworth qui lui même sortait de Soft Machine…….etc ……etc…. Et pour le final, Asia regroupant, Carl Palmer de ELP, Steve Howe de Yes, John Wetton de King Crimson et Geoff Downes des Buggles( groupe qui a eu une face intéressante proche du RP dans le LP "Adventures in modern recording/ Carrère 37926-UK ". 

LA FIN DE LA PREMIERE PERIODE du RP

1978/198O marque la fin de la première période du mouvement progressif par cinq étapes significatives : la formation d’Asia décrite ci-dessus et qui sonne le glas des Master Pieces remplacées dès lors par des petits morceaux superbement bien faits mais retournant dans le moule commercial du 45 tours et du lancement officiel du Rock FM au USA, la séparation de UK, essoufflé de tant de création et n’arrivant plus à retrouver la magie sonore (même si les deux albums sont superbes), la fin de Genesis avec le départ du magicien Hackett pour ouvrir l’air des tubes avec "And then there were three / Charisma CDS 40 10-UK", la débandade de la dernière tournée des ambitieux ELP qui arrêtent leur rêve sur une plage d’amour "Love Beach / Atlantic K 50552-UK  ", et surtout l’avènement du groupe Rock culte des années 1980, Police, qui marquera le début d’une autre époque, avec la présence de Andy Summers (se joignant au Soft Machine en 1968 durant quelques semaines), Stewart Copeland, batteur de Curved Air et de son frère Miles, producteur et manager phare des années 1970 chez Island et entre autre du groupe Renaissance n°1. La musique s’enlise dans ses contradictions, s’intellectualise et les musiciens en oublient même le feeling, l’esprit créateur et l’enthousiasme qui ont fait leur force.

Fin donc de la première période de cette grande famille dont devaient naître ces 9 galettes royales. Flambeaux repris quelques années plus tard avec la seconde génération du progressif conduite par Marillion dès le 26 mars 1983, date de l’apparition de "Script for a jester tears /EMI EMC 3429-UK " en Angleterre et aux USA. Sans oublier Asia qui, malgré son désir d’atteindre les sommets, gardera une qualité mélodique dans ses morceaux et permettra d’opérer une transition en motivant toute une nouvelle génération de musiciens mélodistes et en quête de succès. Mais cela est une autre Histoire.

LE PREMIER PAS SUR LA LUNE….

Le Rock Progressif n’est pas né d’emblée d’un acte conscient, ni d’une volonté marquée des groupes en présence. La meilleure démonstration est donnée par les musiciens eux-mêmes qui souvent ne se reconnaissent d’aucune étiquette. Ce sont les commerciaux, les mélomanes, les passionnés, les journalistes qui ont trouvé une similitude et cette étiquette dès 1970 pour se démarquer du Rock Blues, du Psychédélisme délirant et marginal, de la Pop Music des songwriters et du Hard Rock qui commençait à naître. Nous retrouvons même une trace précise de l’appellation (peut être la première ?), à l’affiche du festival de Bath le 27 juin 1970 où nous pouvons lire  ‘Blues & Progressive Music’. Dans ce festival sont présents avec précision les influences et les ingrédients qui prennent presque l’allure d’un lancement officiel de la musique Rock Progressive. Nous y voyons le Pink Floyd accompagné d’un orchestre symphonique pour présenter "Atom Heart Mother " et co-habités avec les pionniers du White Blues (Canned Heat, John Mayall, Johnny Winter). Nous trouvons aussi Led Zeppelin, The Mothers of Invention de Franck Zappa, les Moody Blues et leur Mellotron, Santana, et l’un des annonciateurs du mouvement progressif, le géant Colosseun qui dès 1968 se chargera d’opérer la liaison entre le Blues Rock Jazzy et la Progressive Music  avec "Valentine suite /Vertigo VO1-UK " sorti le 22-11-1969 proposant une suite musicale intéressante du même nom et dans laquelle nous retrouvons deux musiciens qui feront parler d’eux ensuite dans le domaine de la musique progressive : John Hiseman (pour avoir joué avec Allan Holdsworth) et surtout Dave Greenslade (Créateur du groupe Greenslade). Pour l’histoire, les textes de la pochette de "Valentine suite " ont été finis le jour où un homme a posé le premier pas sur la Lune (21-7-1969)… Bonne augure ? Autre groupe essentiel dans les influences du mouvement progressif, Family et son chanteur/leader Roger Chapman à la voix si particulière assureront la connexion entre les Sixties et les Seventies et laisseront de superbes albums. Notons que John Wetton viendra rejoindre la formation de juin 1971 à fin 1972 pour rejoindre ensuite King Crimson.

Mais quoi qu’en disent les musiciens, nous pouvons constater qu’un mouvement s’est dessiné, la démonstration étant faite par la libre circulation des musiciens à l’intérieur des groupes précités et en Europe, la faculté à partager les mêmes affiches de concerts et en particulier celles des nombreux festivals de l’époque. " L’air du temps " circule dans toute l’humanité à des époques historiques clefs. Et la musique est un véhicule royal au-delà des frontières et des états. Le mouvement existe donc bel et bien avec des millions de spectateurs qui acclament les groupes dans le monde entier. Le phénomène se répand sur terre. Et pas n’importe quel groupe ! Ceux dotés d’une virtuosité, d’une maîtrise de la naissante technologie et créateurs d’albums concepts ambitieux. Ceux aussi qui sont capables de jouer une mélodie, de l’harmoniser, de développer des contrepoints et d’incorporer des breaks, des solos, des références à la musique classique, des changements d’ambiance, de paysages sonores qui nous conduisent dans une dimension proche de la science fiction, voire de la bande dessinée et dont les pochettes fantastiques de Roger Dean, de Paul Whitehead ou encore celles du Studio Hypgnosis mi-réalistes mi-surréalistes (voir les pochettes du Pink Floyd) se feront l’écho visuel. Ceux capables d’incorporer toutes les références musicales rock, jazz, électronique, d’avant garde, ethniques et surtout classique avec des instruments venus tout droit de l’orchestre comme les flûtes, les cuivres, la guitare classique, le violon, les chœurs, le grand Steinway piano noir, l’orgue d’église, quand ce n’est pas l’orchestre tout entier. (Toutes ces voies qui avaient déjà été ouvertes à dose homéopathique par les Beatles).

Nous sommes loin alors des groupes de blues qui jouent à l’énergie, enregistrant des disques en quelques semaines voire quelques jours. Les albums conçus comme des œuvres artistiques globales sonores/ visuelles/ tactiles/ poétiques, l’écriture musicale, la recherche mélodique, harmonique et sonore prédominent sur l’improvisation, la danse, la chanson, le ‘happening’, la protestation. Nous sommes dans une musique de l’esprit (qualifiée par certains d’intellectuelle, avec les avantages et les inconvénients que cela comportent). Les groupes restent des mois en studios. Les studios quant à eux font un boum en avant et sont de plus en plus sophistiqués. Des 4 pistes bricolés (quand ce n’est pas de l’enregistrement direct !), nous passons à 16 et 32 pistes. L’avancée technologique et le marketing musical naissants seront un élément déterminant dans la Progressive Music et surtout la naissance de l’ère visuelle à travers les Films (dont Woodstock, le film, sera le point de départ), Vidéos, Pochettes somptueuses aux concepts enchanteurs, lasers, gadgets en tout genre. L’industrie du disque monte en puissance, le Japon envahit l’Europe et inonde le marché de chaînes hi-fi et d’instruments électroniques/électriques sophistiqués et bon marché. Le Pop Rock commence à rentrer dans les mœurs. Les concerts deviennent des messes pour toute une génération en quête d’idéal. Les Seventies se construisent sur les "ex fan des Sixties, où sont passées toutes tes idoles…… " et qui ont vu la fin de 4 héros du Rock : J. Hendrix, J. Morrisson, J. Joplin, B. Jones, mort de ne pouvoir s’adapter au nouveau monde de l’après 68. En marge de cet article, il est intéressant du constater qu’un mouvement pop psychédélique  ‘West Coast’, équivalent se dessine au même moment aux USA dès 1967, et dont le chef de file est le Grateful Dead avec Byrds,Jefferson Airplane, Quicksilver…. et CSN and Y (dont le travail des harmonies vocales en inspirera plus d’un !).

 

Quels sont les précurseurs du Rp ?

Nul doute que le "Sgt. Pepper ‘s /Parlophone PMC 7027-UK" fait office de référence, non pas dans la suite musicale mais dans la conception de l’album, le professionnalisme et le marketing. Les Beatles sont à la base de tout ou presque, jusqu’à créer leur propre label. Le disque sort le 3-6-67 et est classé n°1 dans les charts du monde entier. Pochette surréaliste, poster et Photos à l’intérieur, des mélodies incroyables qui regroupent tous les styles jusqu’à la pièce maîtresse, grandiose, "A day in a life ". Et puis l’inespéré et inspiré "Abbey Road / Apple PCS7088-UK" le 4-10-1969 qui sort sur les cendres encore chaudes de la séparation du groupe rock le plus populaire de tous les temps dans toutes les catégories d’âge. Le classement N° 1 dans le monde entier en devient presque banal mais toujours justifié avec l’unique morceau de la face B. Du haut de ces 22mn30S, ce morceau propose non pas une suite musicale mais un enchaînement de 11 mélodies toutes différentes et qui contradictoirement semble n’en faire qu’une. Un morceau d’anthologie qui a servi d’enseignement à 2 générations de compositeurs. Nous remarquons chez les Beatles une utilisation subtile des cuivres et des quatuors à cordes qui ouvrira les portes du Classico-Rock.

Le premier groupe qui maîtrisa la culture classique, fut sans doute Procol Harum et son "Shine on brightly / A&M 4151-USA" qui renferme une pièce séduisante: "In held twas in I " de 17 mn35s (et qui parle du Dalaï Lama bien avant l’heure !). Cette pièce Classico-Pop qui sort aux USA le 12-10-68 et qui se classe dans les charts, peut être considérée comme la première Master Piece avec beaucoup d’ingrédients de qualité réunis. La formation de Gary Brooker (née en avril 1967 avec son super hit "A white shade of pale ")  a toujours été en avance et il faudra attendre le 18 novembre 1971 pour que "In held twas in I " soit joué sur scène avec orchestre symphonique et chœurs. Un disque live en sera tiré "In concert with the Edmonton Symphony Orchestra / Chrysalis CHR 1004-UK" obtenant un succès mérité et montrant les possibilités de réunion d’un orchestre et d’un groupe pop.

Ce qui sera moins le cas avec les Nice, 2ème tentative de lier l’orchestre et le groupe pop dans une Master Piece. Keith Emerson et ses compères, formés en septembre 1967, enregistrent dès 1968 une "Symphony for group and orchestra " qui s’intitulera sur la version LP "Ars longa vita brevis" . Les 19mn37s, faits de petits bouts manquant de cohésion et d’une réelle ligne conductrice, ne réussiront jamais à décoller. Classons-le dans les premiers essais audacieux ! Il faudra attendre le plus sérieux "The Five Bridges suite  / Charisma CAS 1014-UK" joué sur scène le 17-10 1969 au Fairfield Halls de Croydon avec un orchestre symphonique au grand complet dirigé par Joseph Eger, et sorti en disque le 27-6-1970. Cette fois-ci, Emerson compose tout. De beaux passages mais les 5 mouvements du morceau une nouvelle fois ne réussiront pas à se fondre comme chez Procol Harum. Nul doute que dans ce registre classique, le "Pictures at an Exhibition " de Moussorgsky repris par Emerson avec son nouveau groupe ELP et joué au festival de l’île de Wight le 29-8-1970 durant 35mn rentrera dans les véritables prémices des Master Pieces du Progressif. Il faudra attendre la version live de "Pictures at an exhibition / Island HELP 1-UK", joué le 26-3-1971 au Newcastle City hall, gravé sur vinyle, s’inscrivant dans le Top 5 des charts UK le 4-12-1971 et le top 10 aux USA dès le 22-1-1972, et qui viendra couronner et justifier toutes les recherches précédantes de Keith Emerson. Notons que cette tentative est exceptionnelle non pas uniquement sur le plan composition mais sur l’arrangement car Emerson réalise toutes les orchestrations classiques sans orchestre avec son orgue et son Big Moog. Et cela sonne ! Notons encore que, pour les passionnés, il est possible aujourd’hui d’écouter les trois versions de cette œuvre novatrice et audatieuse : le CD live du concert de Wight (Manticore M-CD101 / vendu en 1998 sur Internet) qui propose la première version de PAAE toute hésitante et maladroite, puis le disque officiel live jouée juste 7 mois après, et enfin les versions studios du "Disc one of Return of the Manticore / Victory CD 383 480 O29-2-USA" ou celle de "In the hot seat / Victory CD 828 554-2 " avec toute la technologie et le Dolby surround, mais qui ne sont pas indispensables.

Un autre album oublié et qui pourtant propose une Master Piece avant tout le monde : " Birdman / Island ILPS 9126-UK"sorti en juin 1970 composé par Mac Donald & Giles qui viennent juste de quitter King Crimson. Belle suite de 21mn45s (avec un final romantique à l’image de la pochette) mais qui dans l’ensemble manque parfois d’unité. Disque quasiment oublié dans le monde progressif d’autant plus facilement que nos deux musiciens ne donneront jamais une suite à leur collaboration.

Nous pouvons citer d’autres tentatives comme les Aphrodite’s child de Vangelis et Demis Roussos avec leur dernier opus "666 / Vertigo 6673 001-France", double album concept avec "All the seats were occupied ", pièce grandiose de 19mn27s et qui donnera sûrement le goût au  ‘Master Composer’ Vangelis, la création de multiples Master Pieces fantastiques comme les " Chariots de feu / Polydor POLS 1026-UK" en 1981 qui lui donnera toute sa gloire et sa notoriété méritées Outre-Atlantique.

Entre temps, Vangelis qui a failli remplacer Rick Wakeman dans Yes (Finalement c’est Patrick Moraz qui aura la lourde tache d’assumer le "Relayer / Atlantic K 50096-UK"), enregistre avec son ami Jon Anderson 3 disques très inégaux dans la création dont nous pouvons relever tout de même la pièce qui porte le même nom que l’album "Friends of Mr Cairo / Polydor POLD 5039-UK ".

Renaissance (n°1), fraîchement formé sur les ruines des Yardbirds par Relf et Mac Carty dès 1969, apporte sa pierre à l’édifice par les arrangements classiques du pianiste John Hawken et surtout il est l’un des premiers groupes (avec Curved Air) à inclure une chanteuse, Jane Relf, sœur de Keith, à la voix chaude, pleine et sensuelle (le groupe se reformera avec bonheur et grande inspiration mélodique en 1976 sous le nom d’Illusion, ne pouvant plus utiliser le nom de Renaissance). Enfin les femmes rentrent par la grande porte et avec distinction dans les groupes ce qui laisse présager dès 1970 de nouvelles possibilités créatives et un feeling emprunt de sensibilité féminine.

9 GROUPES / 9 ALBUMS / 9 MASTER PIECES

Afin d’établir l’ordre de sortie des disques, je me suis servi de leur date d’apparition dans le Guinness’s British Hit Albums et le Billboard’s Top Pop Albums aux USA, véritables baromètres de l’époque et reflet du public (ces 2 livres ont servi aussi pour donner les références standards des disques). Vous pouvez consulter à cet effet le tableau ci-joint qui regroupe l’ensemble des données techniques essentielles concernant les groupes et les disques.

Imaginez juste une période de 2 ans où sortirait tous les 3 mois un disque lumineux

et qui devient une référence dans l’histoire du rock.

Nous pouvons classer en deux grandes tendances les formations citées, tendance que nous retrouverons par la suite avec de multiples autres branches : les groupes progressifs plutôt "Classique ", et les groupes dit "de Canterbury " avec une approche mélodique et un son particuliers proche du Pop Rock Jazz dont Soft Machine et Caravan sont les représentants (groupes d’ailleurs qui ne venaient pas de la ville de Canterbury à l’exception de Caravan). Juste une précision sur le mot "Classique " : tous les groupes de l’article ont des connections avec le classique soit par les reprises (J.Tull,ELP), soit par l’utilisation de l’orchestre symphonique (P.Floyd,Caravan,ELP), du Mellotron (K.Crimson,Genesis,Yes) ou de la Guitare Classique (Hackett et Howe) soit encore par la culture, l’écriture et les références continuelles à Bach, Ravel, Debussy, Satie, Bartok (VDGG, Wakeman) et aux musiciens russes de la fin 19ème début 2Oème (Renaissance). Mais rentrons sans plus attendre dans cette rétrospective des 9 Master Pieces du Rock Progressif anglais.

SOFT MACHINE "The Third –The moon in june" / 4-7-70 / Les caméléons / CBS 66 246-UK

Ce disque représente la première longue suite sortie au milieu de l’année 7O. En fait, il n’y en a pas une mais quatre sur ce double album qui concilie les tendances de la recherche musicale de pointe de l’époque. Nous sommes au confluent du jazz, du free, de la pop, du rock, de la musique répétitive, de la musique contemporaine, de la recherche électronique et de la mélodie. Quelle classe !

Soft Machine vient comme le Pink Floyd du mouvement Psychédélique. Comme son nom l’indique à merveille, c’est une "machine molle ", dans le sens où ce groupe n’a jamais trouvé, durant son existence de 1966 à 1982, une véritable unité de personnes. Cas unique dans les groupes mentionnés, il est le seul à ne pas avoir eu un membre fondateur présent jusqu’à sa dissolution. "The Third " voit le jour dans les charts le 4-7-197O. Disque double, 4 morceaux, 1 par face et 1 seul chanté : "The moon in June ". C’est l’œuvre de Robert Wyatt, batteur et chanteur, qui laisse éclater en 19mn une pluie de sensation, un torrent de surprise, un océan de tendresse. Et le feeling ici dépasse toutes les limites. Cassures de rythme incessantes dues à un assemblage étheroclyte et pourtant parfait de petites mélodies, voix attachante, jeu de batterie rarement égalé dans la subtilité et la douceur percussive (batterie qu’il devra se résoudre à abandonner quelques années plus tard suite à une paralysie des jambes due à une chute). Authentique œuvre qui évolue au fil du temps avec des paroles souvent improvisées qui se transforment d’une version à l’autre. Quelle folie, quelle unité, peu concevable aujourd’hui dans notre monde technologique régit par le ‘click-clock’ de l’ordinateur. "Third " sera d’ailleurs la dernière œuvre de S.M. enregistrée avec le chant de Wyatt, le groupe se tournant ensuite résolument vers la tendance Free Jazz puis Jazz Rock, ce qui fait de Soft Machine un groupe à part mais néanmoins déterminant dans l’univers progressif anglais. Il engendrera beaucoup d’émules et de courants parallèles comme  Rock in Opposition ou le courant des Musiques Nouvelles (avec Henry Cow, l’excellent groupe français Pataphonie (dont le second Lp vient d’être reédité en CD chez Muséa) ou encore le groupe belge Univers Zéro).

PINK FLOYD " Atom Heart Mother  -Atom heart mother" / 24-10-70/ The first ones / Harvest SHVl 781- UK


A quelques semaines suit le Pink Floyd, groupe frère du Soft Machine dans un Londres en plein "psychédélisme souterrain ". Les deux groupes sont parmi les premiers formés en 1966. Ils partagent les mêmes scènes et sont amis. (Nick Mason, batteur du Pink Floyd produira un des plus beaux LP de la Pop Rock Song, celui de son ami batteur du Soft Machine, Robert Wyatt "Rock Bottom / Virgin V2017  ", suite à la paralysie de ce dernier). Parmi les premiers créés, le PF sera précurseur dans les "clips " de l’époque, dans les show visuels scéniques de haute teneur, dans la célébrité silencieuse loin du show business et de ses paillettes tout en en jouant avec élégance, dans l’introduction des bruits dans la musique, dans les concepts albums d’envergure, dans le record de longévité d’un album dans les charts, dans l’expression populaire sans vendre son âme, dans les shows grandioses et professionnels, dans la sobriété médiatique (Une histoire de l’époque disait que les musiciens du groupe pouvaient jouer devant 10000 personnes lors d’un festival et se fondre ensuite dans l’assistance sans être reconnus), dans le film musical "P.F. à Pompeï ", dans la musique du film culte "More ", dans la participation au "Ballet de danse " de Roland Petit à Marseille, dans le fait d’être invité au festival de musique classique de Montreux en septembre 197O ou au festival de jazz d’Antibes en juillet 1970, en se produisant avec un orchestre symphonique et chœurs au festival de Bath en juin 1970, dans l’intégration du Rock à toutes les tranches d’âge de la population du monde, dans le son quadrophonique de scène, dans sa liaison avec le domaine publicitaire, dans la fidélité avec Syd Barrett (le fondateur du P.F.) ou avec Robert Wyatt (dans cet émouvant concert réunissant Pink Floyd et le Soft Machine pour payer l’intervention médicale de Robert), dans la lucidité d’arrêter les contrats publicitaires avec la boisson Gini et de reverser la somme intégralement à une œuvre caritative……

"Atom Heart Mother " rentre dans cette longue liste d’originalité puisque ce disque inclut un morceau de 23m33s du même titre joué en studio et sur scène avec un orchestre symphonique et des chœurs. Cette œuvre exceptionnelle est reconnue unanimement par le public rock, blues, progressif, pop, classique, jazz ou même contemporain. C’est la faculté du Pink Floyd de réunir tout public sans renier ses bases. Quelle œuvre intelligente orchestrée par Ron Geesin et dont le nom du morceau sera tiré d’un fait divers médical et unique pour l’époque : " Une femme enceinte réanimée grâce à un cœur actionné par une mini-pile atomique " (‘Le livre du Pink Floyd’ par Alain Dister chez Albin Michel). Sortie le 10-10-1970, AHM se retrouve à la première place des charts UK le 24-10-1970.

Nous pouvons inclure pour le Pink Floyd "Meddle / Harvest SHVL 795-UK", sorti 1 an après AHM jour pour jour. Il fut classé dans les charts en novembre 1971. Album qui renferme une Master Piece majeure, légèrement moins novatrice que AHM mais chantée avec des textes aussi planants et sublimes que la composition musicale. 23mn28s d’une écriture en pyramide qui propose une mélodie de base des plus douces où les voix de Gilmour et Wright sont marquée d’une sensualité nonchalante à travers des passages orchestraux puissants, style caractéristique du Pink Floyd jonglant sans cesse entre le " Up and Down ".

KING CRIMSON " Lizard -Lizard"/16-1-1971/ Les PCE (les Puristes, Créatifs, Expérimentaux)/ Island ILPS 9141-UK

Avec le roi pourpre, nous sommes au cœur de la cathédrale du Rock Progressif dont le "In the court of the Crimson King/ Island ILPS 9111-UK " sera la clef de voûte. Le Soft et le Floyd viennent des nuits psychédéliques et du Blues rock. Avec K.C., nous sommes dans le romantisme tourmenté, la nostalgie, le classicisme version Seventies sans orchestre ni emprunt aux grands des siècles passés. La création est sans partage. Ici, le Mellotron est roi. Fripp passe même pour être l’un des meilleurs utilisateurs de l’instrument. Trois chanteurs d’exception (Lake, Anderson, Wetton) et des musiciens talentueux se côtoieront à la court royale de Bob. Pas de balbutiement pour ce groupe parmi les derniers formés : premier disque, première réussite qui va devenir un album de référence, et pas uniquement pour le courant progressif. Tout est en place : Mélodies raffinées, morceau rock proche du délire, ambiance apaisante à la flûte magique, voix parfaite…(Le morceau "In the court of … " nous vaudra, fait unique dans l’histoire du RP, une belle version française du chanteur français René Joly, peu de temps après sa sortie). Toute la maturité et les ingrédients de cette œuvre novatrice nous conduisent à "Lizard " au début 1971. Fripp prend en main le groupe. Le personnage est petit, sombre, discipliné, précis, concentré. Rien ne lui échappe. Le succès n’est pas sa première source de motivation. " Lizard " éblouit par sa richesse, par sa fusion classique et contemporaine.

Une Master Piece difficile d’approche et qui demande de nombreuses écoutes pour en tirer toute la finesse,  ce qui explique sûrement qu’elle soit passée un peu inaperçue, comparé à l’évidence du 1er disque.

 

CARAVANIn the land of grey and pink - Nine feet underground "/4-1971/ Le Canterbury sound/ Deram SDL 1- UK

L’orgue de David Sinclair a largement contribué aux sons de la Canterbury Family.

Au son aérien, planant, inspirant le voyage sur une lande désertique reflétant des nuances subtiles de gris et rose, la Caravan se déplace au rythme lancinant d’une harmonie chaude et nostalgique. "Nine feet underground " reflète cette atmosphère et est sans doute l’œuvre la plus achevée du groupe. Les Sinclair mènent la danse durant 22mn40s sans aucune faiblesse ni interruption. Véritable pièce symphonique rock où les voix de Richard et Pye deviennent des oasis de fraîcheur dans un déluge de chaleur organique, le tout soutenu par le rythme puissant et feutré de Richard Coughlan. Intro, thème principal, montée, paroxysme, retombée, explosion, havre de paix inspiré par la douce et chaude voix de Richard Sinclair et un final majestueux. Nous avons ici tous les ingrédients de la Master Piece Rock typique. Ici, pas ou peu de référence au Classique mais plutôt une parfaite intégration de l’héritage Blues Jazz par le ‘swing’, au sein de la famille Rock Progressive. Toute la grandeur de cette composition tient à la fois dans son aspect construit avec rigueur tout en donnant l’apparence d’une fausse simplicité. Le feeling présent constamment à travers de nombreuses cassures de tempo et de mélodies donne à NFU son caractère unique et propulse Caravan au sommet de son art. Aucun autre album du groupe, aussi attachant soit-il (je pense à "For the girl who… " ) ne viendra l’égaler. Cette formation inspirée a toujours excellé dans la création mélodique et dans cette façon si intelligente de manier l’héritage Blues Rock de l’improvisation en nous emportant sur des landes enchantées grises et roses.

EMERSON, LAKE & PALMER " Tarkus - Tarkus"/19-6-1971/ Les ambitieux/ Island ILPS 9155- UK

Un des premiers super-groupe rock (les Cream et Blind Faith avaient déjà étrenné le qualificatif), ELP est une entreprise commerciale : 3 noms, 3 sociétés, 3 camions, 3 rôles précis. mais aussi 3 amis qui ont une réelle intention de bouleverser le monde musical, de repousser les limites de la technique, un peu comme des sportifs en quête de record. D’ailleurs, Emerson a failli y laisser ses mains et sa vélocité dans une maladie sérieuse et Lake sa douceur vocale et son génie mélodique. "Tarkus " sort 6 mois après le 1er LP qui lui-même sort 6 mois après la formation du groupe. 6 mois après Tarkus sortira "Pictures… " et 6 mois après "Trilogy ". Quelle ambition, quelle rage pour ce trio qui va sortir sa 1ère Master Piece sur la face A et non B comme ces collatéraux. Faut-il y voir encore un défi de plus ? Peu importe !  Chacun vit ses fantasmes créatifs du mieux possible et ELP va sur ce point, aller très loin dans la démesure pour le plus grand plaisir de ses admirateurs.

Tarkus " est la première œuvre ambitieuse d’Emerson (non pas de Lake qui lui a déjà la sienne avec ITCOTCK). Deux mélodies comme Greg en a le secret, un final en ‘Boléro Ravelien’ succulent (qui deviendra un standard dans le RP), une ouverture symbolisant l’irruption d’un volcan et un développement central pleins de rebondissement (dont s’inspirera sans doute Genesis dans "Foxtrot "), voilà le secret d’une MP menée avec fougue dans une épopée guerrière remarquablement rendue par les dessins de la pochette. "Tarkus " sera l’antichambre de "Karn Evil 9" où ELP trouvera son apogée.

VAN DER GRAAF GENERATORPawn hearts - A plague of a lighthouse keepers "/11-1971/ Les marginaux/ Charisma CAS 1051- UK

Rare groupe à ne pas avoir connu les Charts (à l’exception de leur 2ème album qui restera 2 semaines dans les charts, pas une de plus), VDGG se caractérise par sa solitude et par son leader Peter Hammill, véritable génie marginal et tourmenté dans ses compositions. Mais l’originalité ne s’arrête pas là : le sax de David Jackson tient la vedette aussi bien sur scène que sur disque : sur scène car David en joue de deux en même temps et sur disque par le travail sonore du studio, impressionnant qui donne à l’instrument une dimension cosmique, contemporaine et qui le sort de tous les clichés du Jazz ou de la mélodie romantico-variété. Nous sommes dans un dark rock, un romantisme noir, sombre à tonalité métaphysique. Les textes prennent sous la plume de P.H. une dimension poétique individuelle. Nous sommes à mille lieux des textes militants des Sixties. "A plague of … " en est la démonstration vivante. Ce disque est construit sur des bases classiques à en juger ne serait ce que par le final marqué par l’enchevêtrement /contrepoint de deux lignes mélodiques très réussi. Cassures de rythme (dont s’inspirera amplement Genesis), voix d’une douceur infinie qui passe sans transition à un registre grave, violent, ‘destroy ‘ (certains groupes du mouvement Punk se reconnaîtront d’ailleurs dans P.H. dont le célèbre John Lydon des Sex Pistols), traitements électroniques sur chaque instrument, VDGG et son "A plague of… " étend le Rock Progressif à la limite de la musique contemporaine. "Pawn Hearts " avec sa suite APOALK est le dernier disque du groupe (1ère période) avant sa dissolution dont les adieux seront effectués à l’Olympia à Paris au début 1972 avec en première partie deux jeunes groupes :le premier, Lindisfarne, groupe talentueux aux voix et guitares rafraîchissantes dirigé par Alan Hull, et le second encore peu connu et maladroit sur scène : Genesis (et qui n’a pas encore sorti "Foxtrot " ! !). Et là, nous reconnaissons la marque de fabrique de Peter Hammill : il quitte le navire progressif au moment où tous les autres sont en pleine ascension, expansion et d’audience grandissante. En tout cas, "A plague of… ", Master Piece de 18mn47s, est une fresque déconcertante, impressionnante, compacte et riche.

JETHRO TULLThick as a brick –Thick as a brick"/18-3-1972 / La constance intègre/ Chrysalis CHR 1003- UK

"Thick as a brick " est la seule Master Piece à s’étendre sur les deux faces de la galette. La carrière de J.T a été et est encore exemplaire (le concert de l’Olympia du 22 octobre 99 en atteste). Fidèle à un objectif, constant dans la création, il a toujours eu un énorme succès, surtout aux USA où TAAB sera classé N°1 dès le 20-5-1972 et restera 46 semaines dans le Hit. Un groupe à la popularité efficace, discrète, élégante ! Un leader, Ian Anderson, homme des bois, sorti tout droit des contes et légendes celtes. Une galette exceptionnelle à rebondissement où s’enchaînent durant 43mn5Os, de façons ininterrompues de multiples mouvements et cassures de rythme. La flûte assure l’originalité et assume les solos (Démarche identique pour Van Der Graaf avec les saxophones). La voix tremblotante de Ian, avec "ce sanglot long des flûtes de l’automne ", nous conduit dans une clairière écossaise, une nuit de pleine lune où dansent quelques farfadets malicieux autour d’un feu. C’est le coté Folk Celtique à caractère Médiéval qui enchante ici. Nous retrouvons des points communs avec Gentle Giant ou avec cet autre groupe un peu oublié des Seventies : Gryphon.

YESClose to the edge Close to the edge "/2-9-1972/ Les surdouées/ Atlantic K 5OO12- UK

Autre habitué des charts, soucieux d’être les premiers, Yes est le groupe des surprises, des succès planétaires, des renaissances là où le public l’attend le moins. Carrière ininterrompue, haute en couleur dont l’arc-en-ciel est "Close to the edge ", remarquable de vélocité, de culture rock, de break, de climat, de précision. Yes est une formation de virtuoses et se compose de fortes personnalités. Jon séduit par sa fragilité, Rick enchante par sa démesure, Steve dérange par son jeu sauvage, Chris impose par sa sombre élégance. La particularité de "Close to the edge " comparée aux autres disques, est de toujours rester sur les rails d’un Rock rapide, rythmé, du à la virtuosité et à l’excitation de tous ses membres. Avec tout de même des temps pour respirer quand intervient l’orgue d’église ou le Mellotron du sorcier des claviers. Là aussi une construction des plus classiques (comme pour "Tarkus ") avec prélude, introduction du thème, développement et solos, Andante, remonté instrumentale en puissance et solos, reprise du thème chanté et final. Beaucoup d’efficacité et maturité, de travail sonore qui conduira Yes pendant 15 ans au sommet des charts.

GENESIS "Foxtrot - Supper’s ready "/14-10-1972/ Les opportunistes / Charisma CAS 1058- UK

Nous avons ici le dernier groupe de cette longue épopée à produire sa suite, sa Master Piece. Faut-il y voir les prémices d’une volonté d’arriver en haut des Tops, tout en suivant un pas derrière les véritables créateurs ? Nous sommes en 1978. Phil Collins prend les choses en mains et conquiert le monde avec sa voix si particulière. Le groupe s’installe alors pendant plus de 15 ans au sommet de hits parades. Si nous regardons attentivement le début de la carrière de Genesis, nous tombons sur le LP "From Genesis to revelation ", disque pas inintéressant mais travaillé dans le style variété de l’époque, avec des arrangements standards. Et de tous les groupes précités, c’est le seul qui enregistrera un album complet de chansons, avec la sortie de 45 tours dès le 22-2-1968. L’apport du Mellotron et les claviers multiples vont transformer Genesis. Le second LP, "Trespass/ Charisma CHC12-UK ", sort deux ans plus tard. Les voilà sur une nouvelle voie et de plus qui marche. Le groupe semble suivre le mouvement lancé par King Crimson. Ce qui ne les empêche pas de trouver leur originalité, de devenir très professionnel à force de travail, et de réaliser "Foxtrot " le 14-10-1972 avec cette suite épique "Supper’s ready " et son intro classique "Horizons " qui va donner à Hackett son statut de star de la guitare. Ce morceau à la mélodie déroutante, construit dans sa partie centrale comme un Boléro, à l’histoire extravagante conçue comme une petite pièce de théâtre, n’a qu’un défaut : celui de s ‘arrêter au bout de 22mn58s. Nous sommes transportés dans un autre monde, dans des dédales de cassures de rythme dont Genesis se fera le champion, ce qui amènera l’expression dans le monde musical : " faire une cassure de rythme à la Genesis ". Finesse sur toute la ligne depuis le jeu de batterie du grand Phil qui montre sa face et donne pour la première fois toute l’étendue de son registre jusqu’à la flûte enchantée de Peter Gabriel, présente aux endroits où nous l’attendons le moins. Banks scelle le tout à l’orgue Hammond et au Mellotron. De  "A flower ? " si émouvant au "Six, six, six" apocalyptique pour conclure en apothéose  "Vers la nouvelle Jérusalem ", quoi dire de plus ! Dernière œuvre de ces MP dans le temps, "Supper’s ready " bénéficie de l’apport créatif de toutes les autres et conclut avec majesté les fondements du Rock Progressif.

LES GRANDS ABSENTS des MP

Au rang des grands absents des Master Pieces, Gentle Giant qui ne tentera jamais l’aventure ce qui ne remet pas en cause sa valeur et son statut de groupe majeure de cette époque. Notons d’ailleurs que le gentil géant aura du succès aux USA et aura beaucoup plus de difficulté à s’imposer dans son pays d’origine au Royaume Uni. (Ce qui sera le cas d’autres groupes comme Renaissance, Kayak, PFM….). Pas un LP classé dans les charts anglaises ! ! Pourquoi ce peu de succès en Europe comparé aux States. Pourquoi si peu de tournées en Occident et surtout en France ? Pourquoi avec le talent qu’il développe, aucune suite musicale et concept album de grande envergure n’aient été réalisés ? Pourquoi le retour dès 1978 à un rock sans forme esthétique? Les frères Shulman s’en expliquent en exprimant leur désir de revenir à la simplicité de l’enregistrement de studio par un son live sans utiliser toutes les ressources du mutipiste et des effets de plus en plus lourds. Il faut dire aussi que leur prestation scénique dépassait en énergie et surprise leurs disques. Gentle Giant est toujours resté à part dans la scène anglaise des Seventies et ne s’est jamais mélangé aux 9 autres groupes, ce qui explique peut-être son isolement et sa moindre audience.

Quelques autres absents de marque qui s’expliquent par la non-constance de leur production : Curved air en fait partie. Groupe prometteur élu plusieurs fois dans les espoirs, il n’atteindra jamais le rang de groupe progressif à part entière, malgré de très bons disques, une chanteuse attirante et envoûtante, Sonja Kristina (fait rare dans un monde d’hommes), des références solides à la musique classique (Vivaldi en particulier) par son violoniste leader Darryl Way. Et puis soudain changement de musiciens et de son avec l’apparition en 1974 du Eddie Jobson et du batteur Stewart Copeland dans le 4ème disque "Air cut / Warner Bros K46224-UK", un album séduisant laissant présager d’un nouveau potentiel créatif. Mais il s’agissait juste d’un passage "sans suite " et qui annoncera la fin de ce groupe prometteur 2 ans plus tard (Jobson et Copeland ayant de nombreux autres projets en tête).

Et puis ceux formés entre 1969 et 1970 qui sont passés à coté des grands développements orchestraux comme Strawbs malgré la participation de 2 claviers d’exception (John Hawken de Renaissance n°1 et Rick Wakemam de Yes), ou Hawkwind avec ses shows hallucinants et hallucinogènes trop attaché à l’expérience psychédélique. Et même l’incomparable Florian Fricke et son groupe Popol Vuh lors de la sortie de "Hosianna Mantra / Pilz 2029143-1-Germany", tentative de fusion entre la musique classique et la culture orientale avec une voix féminine douce et évanescente. Quant à Barclay James Harvest, à l’exception de son 2ème opus sorti en 1971 qui inclut la pièce symphonique de 12 mn01 "Dark now my sky " avec un orchestre classique et un développement mélodique/harmonique savant, le groupe ne donnera pas suite aux longs développements, préférant comme Kayak les mélodies superbes mais courtes. Et puis ce groupe, trop amoureux de ses illustres aînés, ne sortira jamais complètement de la référence aux Beatles, Moody Blues et Procol Harum. (Notons que ces trois grands groupes marqueront beaucoup le Rock Progressif dans l’approche mélodique).

LES POST PROGRESSIFS

Beaucoup de groupes par contre ont suivi le mouvement. Ils se forment beaucoup plus tardivement, en 1972 et vont largement tirer partie de l’affaire. Le champion toute catégorie des Master Pieces et du succès foudroyant est sans doute Mike Oldfield, issu du groupe de Kevin Ayers, lui même fondateur de Soft Machine. 11 albums avec 1 Master Piece dont le célèbre "Tubular Bells / Virgin v2001-UK" classé dans les charts le 1O-7-73, vendu à des millions de copies dans le monde entier. TB occupe les deux faces de l’album avec un développement savant et attrayant. Multi instrumentiste, Mike enregistre avec son ami Tom Newman dans le studio de Richard Branson, Mr Virgin. Bilan :un succès énorme véhiculé par le film "l’Exorciste " (et pourtant la musique de T.B. à l’intérieur du film ne représentera que quelques minutes). Une œuvre intelligente et pleine de rebondissement, aux accents celtes avec en prime un final étourdissant. Mike récidivera 3 fois encore dans les Seventies avec "Hergest ridge / Virgin V 2013 ", "Omnadawn / Virgin V 2043-UK", et l’œuvre majeure "Incantations / Virgin VDT 101-double LP-UK" (marquant le grand retour de Mike après une période de déprime due au trop grand succès de T.B.). Notons que T.B. sera joué avec le Royal Philharmonic Orchestra en 1975 sous la conduite de David Bedford.

Camel va suivre lui aussi, en 1972, dans la mouvance de l’école de  Canterbury. "Snow Goose / Decca SKL 5207-UK" sera sa première Master Piece sorti le 25-5-1975 et classé en bonne place. Le groupe travaille beaucoup, sans relâche et se produit quelque mois plus tard, le 17-10-1975 au Royal Albert Hall de Londres avec le London Symphony Orchestra (Rien de moins !) dirigé par David Bedford (encore lui). Camel, s’il n’est pas parmi les premiers, peut revendiquer le travail, la constance, le feeling incomparable à l’image Andy Latimer, l’âme de Camel, toujours souriant et prêt à créer un solo de guitare ravageur de douceur et de force, de mélodie et de construction savante. Lui aussi va tirer partie de ses prédécesseurs illustres et s’installer jusqu’aujourd’hui dans le courant progressif pratiquement sans interruption.

Renaissance n°2 voit le jour à la fin de l’année 1971. Né sur les ruines de Renaissance n°1, avec juste Jim Mac Carty comme transition (qui est crédité juste sur trois albums comme compositeur), nous avons là un groupe royal, ayant intégré la culture classique (surtout des Russes) et l’orchestre comme personne. Groupe à tradition féminine (Nous pouvons dénombrer trois superbes chanteuses dont la dernière en date, Stephanie Adlington, en 1995), il rayonne de sensibilité par la seule voix de Annie Haslam capable d’étendre ses cordes vocales sur 5 octaves. Mais oublier les autres membres seraient une erreur grave. Tout d’abord le tandem Michael Dunford le compositeur patenté du groupe avec la parolière/poétesse Betty Thatcher, et John Tout incarnant la finesse pianistique classique et l’élégance de l’arrangement, avec une pointe de Swing et un feeling qui s’impose dans chaque composition ("Sisters ", tiré du merveilleux LP "Novella / Sire 7526-USA" en est un pur exemple). Et comment ne pas parler de "Scheherazade / Sire 7510- USA", Master Piece acclamée aux USA le 30-8-1975 dont une version au Carnagie Hall sera gravée sur le double live de la même époque et une autre avec le Royal Philharmonic Orchestra au Royal Albert Hall le 14-10-1977 et qui sortira en 1997 ! Œuvre indispensable de toute discothèque progressive.

 

EPILOGUE

Nous arrivons à la fin de notre parcours progressif, sur ces quelques années qui ont vu toute une foule de personnes s’enthousiasmer pour une musique que nous pourrions définir de cette façon. Rock Progressif:

" Branche particulière de la Rock Pop Music née à la fin des Sixties, en Grande Bretagne après le festival de Woodstock dans le but de faire progresser le British Rock Blues et dans l’intention d’utiliser et d’incorporer la culture spécifique à l’Europe, en particulier Classique. Nées du Rock psychédélique pour une partie, s’appuyant sur la technologie naissante des nouveaux instruments électroniques et des studios multipistes, les compositions sont caractérisées par des nombreuses cassures de rythme à l’intérieur de morceaux rappelant les constructions musicales classiques. Ce mouvement va sortir des improvisations du Blues, de la contestation des Sixties pour s’ancrer dans la société de consommation, dans le professionnalisme pour jouer sur l’esthétique, redécouvrir la mélodie, s’appuyer sur la culture classique et favoriser les développements orchestraux de 17 à 24mn sur une face complète. Ces faces, Master Pieces, construites autour de la voix magique d’un chanteur/instrumentiste à forte personnalité seront une des marques de fabrique majeures du RP avec toujours une volonté de recherche d’atmosphère et d’exploration sonore rendue possible avec le boum technologique. 9 groupes et 9 Master Pieces majeurs sont à l’origine du mouvement. Ce qui est surprenant ici, c’est la maturité musicale dont fait preuve le RP à sa naissance. Il est à la base des fusions musicales et de l’intégration de la Rock Pop Music dans la société. Commencée avec le "In the court of the Crimson King "de King Crimson, la première période s’achève dans la fin des Seventies avec la séparation du super groupe UK, et le succès mondial de Asia au début des Eighties, autre super groupe formé des musiciens créateurs du mouvement et revenant aux mélodies courtes, marquant les débuts du Rock FM. "

Le courant progressif et les Master Pieces ont, depuis, fait école et après un creux au début des années 1980, le groupe anglais Marillion reprendra le flambeau dès le 26 -3-1983 ,date de leur première entrée dans les charts anglaises et deviendra même le leader incontesté durant presque 10 ans ,autant dans le succès commercial que dans la création artistique, avec même un album concept N°1 dans le top anglais. Il faudra attendre le début des années 1990 pour voir surgir une nouvelle génération issue des groupes précités, jeunes artistes/groupes talentueux et ambitieux comme Flower King, Spock’s Beard , Pär Lindh, Porcupine tree et son leader Steve Wilson…qui vont permettre la reformation des groupes cultes des Seventies comme Renaissance, Caravan, ELP, King Crimson, Camel…. ou bien le retour de musiciens comme John Wetton, Ian Mac Donald, Gary Brooker, Steve Hackett….

3O ans que l’aventure a commencé. Et elle continue dans le nouveau millénium avec tous les ingrédients d’un courant avec des fondations, des références, des circuits de distributions et de jeunes créateurs qui ont intégrés l’héritage de leurs aînés, même si le public a considérablement réduit et ne remplit plus les grands stades et salles de concert de l’Europe, de l’Amérique du Nord ou du Japon pour un groupe ou un artiste, exception faite pour….le Pink Floyd.

LUC MARIANNI à Argenteuil le 1-1-2000 à 0h à Argenteuil

Musiciens des 9 groupes ayant enregistré les 9 Master Pieces :

Soft Machine : Mike Ratledge, claviers/ Hugh Hopper, basse/ Elton Dean, cuivres/ Robert Wyatt, batterie, vocaux

Invités : Nick Evans, trombone/ Jimmy Hastings, flûte, clarinet/ Lyn Dobson, flûte, sax/ Rab Spall, violon/

Pink Floyd :Roger Waters, basse, vocaux/ David Gilmour, guitares, vocaux/Nick Mason,batterie/ Rick Wright, claviers/

Invités : Ron Geesin

King Crimson :Robert Fripp, guitares, claviers/ Mel Collins, cuivres, claviers/ Andy Mac Cullough, batterie/ Gordon Haskell, basse, vocaux / Pete Sinfield, paroles/

Invités : Jon Anderson, vocaux (du groupe Yes)/ Robin Miller, hautbois, cor anglais/ Keith Tippet, piano/ Nick Evans, trombone/ Mark Charig, cornet/

Caravan : Pye Hastings, guitares, vocaux/ Richard Sinclair, basse, vocaux/ David Sinclair, claviers/ Richard Coughlan, batterie/

Invités : Jimmy Hastings, cuivres, flûte/ David Grinsted, percussions/

Emerson, Lake and Palmer :Keith Emerson, claviers/ Greg Lake, basse, guitares, vocaux / Carl Palmer, batterie/

Van Der Graaf Generator : Peter Hammill, vocaux, guitare, piano/ Hugh Banton, claviers, basse/ Guy Evans, batterie/ David Jackson, cuivres, flûte/

Invité : Robert Fripp, guitare/

Jethro Tull : Ian Anderson, vocaux, flûte, guitare/ Martin Barre, guitares/ John Evan, claviers/ Barriemore Barlow, batterie/ Jeffrey Hammond Hammond, basse/

Yes :Jon Anderson, vocaux/ Chris Squire, basse/ Steve Howe, guitares/ Rick Wakeman, claviers/ Alan White, batterie/

Genesis :Peter Gabriel, vocaux, flûte/ Michael Rutherford, basse/ Tony Banks, claviers/ Steve Hackett, guitares/ Phil Collins, batterie/

…….et pas une femme musicienne…..