RENAISSANCE ILLUSION

THROUGH THE FIRE

(UK, 42'39, Kissing Spell, 2001)

 

Le précédent album officiel d'ILLUSION date de 1978, si l'on excepte ENCHANTED CARESS, œuvre posthume composée de démos et divers inédits, parue en 1990. On le savait, la formation de JIM MC CARTY songeait sérieusement depuis plusieurs années à se réapproprier le patronyme RENAISSANCE, généreusement abandonné depuis 1972 à la formation de MICHAEL DUNFORD et ANNIE HASLAM. Le combo de JIM ne sera finalement pas allé totalement au bout de ses intentions, ayant judicieusement préféré accoler ILLUSION afin qu'il n'y ait pas confusion sur le produit.

La démarche est élégante, et qui songerait sérieusement à contester l'authenticité de la démarche de JIM, cofondateur du groupe avec KEITH RELF voici... bien longtemps (vous reporter à notre numéro de mai 2000). On retrouve, pour notre plus grand plaisir JANE RELF aux harmonies vocales, JOHN HAWKEN au piano, ainsi que LOUIS CENNAMO à la basse, JIM assurant les parties de batterie, tandis que les guitares (essentiellement acoustiques) sont tenues par divers guitaristes de session.

Et la musique ? le premier constat montre que par delà les années, la démarche musicale du groupe est demeurée la même : priorité est donnée à la création de lignes mélodiques séduisantes, d'arrangements à la tendre saveur classique (le dialogue entre guitare acoustique, violoncelle et piano dans "Blowing Away" ne constitue-il pas un pur régal?). Le propos du groupe s'est certainement épuré depuis OUT OF THE MIST (1977), auquel le guitariste JOHN KNIGHTSBRIDGE conférait le conséquent apport de ses envolées électriques... On pourra regretter, sans doute cette évolution vers une musique parfois trop intimiste, et somme toute souvent un peu trop linéaire. La construction harmonique est pour l'essentiel dévolue à JOHN HAWKEN, dont le piano s'acquitte d'ailleurs fort bien de la tâche, mais il manque cependant une guitare électrique qui boosterait de temps à autre la musique vers des horizons plus enfiévrés...

Autre regret : la discrétion de JANE RELF, qui n'intervient jamais en soliste. Vraiment dommage lorsqu'on se remémore sa prestation sur "A Face of Yesterday", toujours dans OUT OF THE MIST... JIM MC CARTY tient fermement la barre du groupe, et il ne laisse à personne le soin de lui faire de l'ombre. Le résultat est que la musique apparaît en monochrome, alors que le groupe possède intrinsèquement la capacité d'enrichir, de diversifier les interventions vocales qui n'a pas été exploitée... dommage. Bien sûr, JIM MC CARTY demeure un personnage éminemment sympathique et on est finalement trop heureux de l'entendre à nouveau au sein du RENAISSANCE originel. Cette musique semble porter, aussi tout le poids du désenchantement des longues années passées dans l'oubli, et d'une reconnaissance jamais obtenue...

En conclusion, si vous aimez les belles mélodies, finement troussées, les arrangements subtils teintés de classique (à dominante pianistique), les belles harmonies vocales et que vous n'êtes actuellement pas dans un état dépressif, vous devriez jeter une oreille sur cet album, qui n'a vraisemblablement pas d'autre prétention que combler l'attente de leurs fans. Si vous êtes un adepte de l'école métal progressive, vous n'avez rien à faire ici. Je décernerai bien, pour ma part un *** à cet album qui n'a certes rien d'historique, mais qui berce agréablement mes longues soirées d'hiver...

Didier GONZALEZ